Après l’after work “Expo Surex” (épisode 1) et avant le set de Dj Gaz et Mc Ginette (épisode 3 - lien), nous nous dirigeons vers la salle Sax du Centre culturel de Dinant pour profiter du concert de Winter Woods, ce groupe namurois d'indie/folk/pop.

Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé
Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé

Leur nom reflète cette ambiance chaleureuse qu’on aime retrouver au coin d’un feu et qu’ils nous partagent sur scène grâce à leurs sons texturés, non lissés. Quoi de mieux que de bénéficier de cette chaleur pour débuter l’hiver et vivre un moment d’introspection et de relief.

Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé
Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé

Leur premier album Rosewood était sorti à l’automne 2019, quelques mois avant la pandémie, freinant l’élan. Je les avais découverts au Delta, quelques jours avant le confinement. Déjà là, une de leurs forces était les nuances qu’on entendait sonner à travers les vibrations acoustiques de leurs instruments, guitares, banjo, batterie, contrebasse, clavier et violon. Une belle harmonie. Mais, j’ai surtout retrouvé ce soir ce que j’avais apprécié et espérais retrouver, à savoir le lien de proximité que ces artistes tissent avec leur public. Particulièrement, à ce moment où le groupe descend de scène et place son micro pour chanter et jouer au coeur du public. Il se crée une intimité propice au partage de vraies émotions.

Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé
Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé

Quelques mois après leur concert sold out au Botanique, ils annonçaient, en mai, leur besoin de se retirer quelques temps de la scène pour mieux reprendre leur souffle : “Nous allons prendre le temps de nous recentrer, d'écrire de nouvelles histoires, de nous retrouver, ensemble, entourés de nos instruments, pour écrire la suite et revenir encore plus vivants.” Nous avons donc pu profiter, ce soir, d’une parenthèse dans leur pause, l’espace d’un concert intimiste. Nous attendons les retrouvailles !

En attendant, Adrien, claviériste et violoniste du groupe, nous a fait quelques confidences.

Photo du groupe de Winter Woods par Quentin Spitaels
Photo du groupe de Winter Woods par Quentin Spitaels

Laurie : Il y a quelques mois, vous aviez annoncé “Nous allons nous retirer quelques temps de la scène pour nous focaliser sur l'écriture”. Vous l’avez encore évoqué ce soir. A partir de quel moment se prend la décision de prendre du recul ; qui plus est en groupe, probablement fonctionnant chacun sur des rythmes différents ?

Adrien : A partir du moment où on a constaté qu'on n’avançait plus assez à notre goût dans la créativité musicale, on a pris la décision de se libérer de la scène pour avoir du temps pour écrire. Quand on joue toutes les semaines ou tous les 15 jours en plus d’avoir un boulot, on a très peu de temps pour aller jusqu'au bout des choses, pour avoir du temps pour écrire, pour redéfinir les contours de notre musique, pour la peaufiner et pour revenir à quelque chose de pertinent à montrer et, on l'espère, avec un niveau supérieur. Ça demande du temps, beaucoup de travail et on préfère travailler à rideau fermé. Ça nous permet de faire des erreurs ; ce n'est pas grave, ça n'engage que nous et on peut ainsi ajuster les différents curseurs.

Laurie : Et justement, comment naît la créativité ? En plus du temps, quels sont vos besoins pour créer ?

Adrien : En fait, le besoin numéro un c’est l'ennui. Il génère beaucoup de créativité. Donc, l'important c'est d'avoir du temps, et de ne pas écrire pour écrire parce qu'on a des échéances. On s'est rendu compte qu'on était pas qualitatif dans cette démarche. Donc d'où le fait de se libérer de la scène, parce que quand on est tout seul chez soi et qu'on ne se voit plus pendant un mois, on a envie de se voir et donc ça génère des idées et plein de créativité. Je ne dis pas qu’on passe nos journées à ne rien faire, mais, en tout cas en tout cas, on a besoin de bénéficier d’un espace qui permette de travailler sa créativité.

Laurie : J'avais compris que cet espace vous alliez vous l’offrir maintenant. Et là, je viens d’entendre, un peu en mode cachotterie, que vous aviez déjà commencé à créer. Donc, comment s’annoncent vos prochains mois ?

Adrien : En fait, on n'a jamais arrêté de composer Maximilien et moi. Sauf que là, on avait besoin d'espace sans concert pour trier et peaufiner tout ça. Donc, actuellement, il y a beaucoup de chansons qui sont écrites chez lui et chez moi, et on arrive à ce moment où, on l'espère, la magie va opérer. On va mettre toutes ces chansons au travers du groupe et on va essayer de les harmoniser. C'est là qu'on verra si ça marche bien.

Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé
Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé

Laurie : J'avais lu sur les réseaux, vous disiez “Nous croyons plus que tout au pouvoir de la musique. Nous osons croire que les gens écoutent encore de la musique pour la musique. “ C’est quoi le pouvoir de la musique ? C’est quoi écouter de la musique pour la musique ? Est-ce que ça rejoint un peu ce que j’avais ressenti en vous découvrant lors d’un concert au Delta en février 2020, à savoir une authenticité singulière , une atmosphère familiale, et le plaisir de partager sans filtres avec le public? Selon vous, qu’est-ce qui vous caractérise, vous différencie d’autres groupes ? Qu’est-ce qui serait à préserver dans votre musique pour la suite ?

Adrien : En fait, c'est exactement pour cette raison là qu'on a décidé de prendre du temps, parce qu'on avait peur de perdre cette singularité. On a fait des essais avec des choses plus pop, plus travaillées, plus léchées, avec beaucoup plus de travail en studio, avec des synthés, des couches, et cetera. Et finalement, on s'est rendu compte qu’on était mal à l'aise de défendre ces chansons-là. Donc, on a tout déconstruit et on a recommencé avec cette singularité.
Et ce pouvoir de la musique, on l'a illustré ce soir, c'est ce qu'on aime faire : mettre un micro au milieu de la salle et jouer en acoustique. En fait, il y a deux choses. D’abord, il y a le fait de faire vivre les notes en y mettant toute notre âme, et ça c'est quelque chose que la musique acoustique a, et malheureusement que la musique populaire n’a plus (ou, en tout cas, beaucoup moins). Quand on joue une note au banjo, violon et cetera, il s’agit de penser très fort à la jouer et mettre beaucoup d'intentions à travers celle-ci. Ce n'est pas un ordinateur qui la génère, donc il y a un côté très émotif et très vivant qui rend les choses uniques. Et puis, il y a aussi l'harmonisation de chacun, c’est-à-dire comment chacun va trouver sa place. Comment chacun va maîtriser son jeu aussi, parce que ça demande de jouer sans faute, en tout cas le moins possible. Et donc ça aussi c'est une certaine forme de singularité. Et enfin, d'avoir des publics qui écoutent, qui ne viennent pas que pour faire la fête. Certes c'est important d'avoir de l'ambiance dans un concert, mais c'est aussi important de pouvoir écouter ce qui se fait, de le comprendre, de véhiculer un message… Que tout ça soit porteur de sens et pas juste une bande sonore d'ascenseur qui tourne.

Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé
Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé

Laurie : Vous avez été freinés par le confinement, inévitablement. Comment continue-t-on quand le moteur de la scène est mis entre parenthèses, sans certitude pour la suite ?

Adrien : Ca a aussi joué un rôle prépondérant dans notre décision de faire le bilan. Franchement, on était sur une super lancée, en plein élan. Et puis boum, tout s'est arrêté. On avait des projets de tournée européenne, on avait vraiment de grosses choses qui sont, pour un jeune et petit groupe, très dur à voir et du coup très dur à ravoir aussi, après un confinement. Donc, on doit faire un nouveau chapitre et donc c'est aussi pour ça qu'on a besoin d'espace. C'est pour se recentrer. Et chez Winter Woods, on a la tradition de travailler en coulisses, de bien préparer et puis seulement de présenter des choses et pas trop de se jeter dans l'eau comme ça. Donc le confinement à joué vraiment un rôle d'arrêt en fait, donc ça, ça a été assez assez compliqué. On s'est beaucoup moins vu… On n’a plus pu se voir… On a arrêté le processus de scène… On a arrêté le processus de composition. Du coup, le moral des troupes diminue, la motivation diminue, on se perd et donc c'est un cercle vicieux.

Laurie : A quels souvenirs raccrocher pour continuer ? Un souvenir d’une scène à garder avec soi ?

Adrien : Quand on a joué au Botanique, on avait préparé tout un concert avec des cordes. On avait d’abord enregistré des maquettes et puis on a joué en live avec des quatuors à cordes, et là c'était quand même assez assez balaise. Entendre sa musique sonner différemment. Avoir toute une amplitude. Et puis, les énergies des musiciens autour de nous qui ne sont pas forcément dans le projet, mais qui amènent quelque chose de nouveau, d’un autre regard, c'est cool.

Laurie : Est ce que cet arrêt forcé, vous a apporté un petit quelque chose ?

Adrien : Personnellement, je pense que non. Tu sais, si tu travailles tes maquettes par ordi et que tu sais tout envoyer en utilisant des synthétiseurs et cetera. Nous, si on n’est pas tous ensemble en train d’écouter et de comprendre ce que l’autre joue à côté de nous, on ne va pas créer quelque chose de qualitatif. Donc, ne pas pouvoir avancer en groupe, ça nous a été très défavorable.

Laurie : Vos textes sont écrits uniquement en anglais, c’est un choix ?

Adrien : C’est un choix d'abord d'identité musicale dans le monde de la Folk. Puis, ce n'est peut-être pas très correct ce que je vais dire, mais avec le français il faut être très précis pour toucher les gens. Tandis que l’anglais permet d'être un peu plus flou et donc, on l'espère, il permet de laisser la place aux gens de s'approprier la chanson et l'interpréter sous l'angle qu’ils souhaitent. Au final, c'est pas très grave s’ils ne comprennent pas tout. Du moment que ça éveille des choses en eux, ça c'est important pour nous.

Laurie : Quelle est la place de la folk dans la musique belge ?

Adrien : On n'est pas nombreux, hein ? C'est assez difficile de défendre son style. Mais, il doit y avoir deux, trois groupes en plus que Winter Woods. Il y a une très chouette artiste que je te conseille qui s'appelle “Benni”.

Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé
Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé

Laurie : De façon plus générale, qu'est ce que la scène vous a apporté dans votre vie ?

Adrien : Max et moi, on est deux flipettes. Donc, la scène, c'est un peu l'angoisse à chaque fois. Ça génère pas mal de stress, donc, je pense que le plus important pour nous c'est la musique en fait. Enfin, pour moi, je sais que la musique est ma plus grande psychothérapie. Ça aide beaucoup de pouvoir avoir cet outil, de pouvoir partager des choses, de pouvoir rester dans sa bulle parfois, d’écrire aussi, pas forcément pour les gens tout le temps non plus. Certes, quand on compose, on a envie que ça soit pour plaire parfois. Mais très souvent, c'est aussi pour nous en fait. C'est un processus très personnel donc c'est très riche et ça apporte beaucoup. Une bonne soupape, en tout cas.

Laurie : Il y a quelques années vous aviez commencé à jouer en rue pour récolter quelques pièces… Que diriez-vous aux artistes que vous étiez à cette époque?
Et, au fond, à quoi tient la concrétisation d’un projet ? Que diriez-vous à ceux qui ont des projets dans la tête mais stagnent au stade du doute ?

Adrien : Alors déjà, on n'est pas un exemple. On n'est pas encore arrivé à quoi que ce soit grandiose donc, certes, on joue, on fait de chouettes choses, mais on n'est pas U2 hein!? Donc, je n'ai aucune prétention là-dedans. Tout ce que je peux dire, c'est que je pense que si quelqu'un est touché par la musique qu'il produit, il doit y croire. Il doit le véhiculer et d'office, ça va toucher d'autres personnes. Je pense aussi que les plus beaux moments sont quand des gens disent “j'ai traversé une période pas très cool, mais le fait d'avoir votre musique avec moi, ça m'a aidé”, et cetera. Et, au contraire, des gens qui se marient qui disent “on a passé votre musique, c'est synonyme de tellement de bonheur pour nous”. En fait, ces musiques, c'est un peu une trace. Elles laissent une empreinte, pas seulement sur nous, mais sur d'autres personnes aussi, et ça c'est très riche. Mais pour ça il faut y aller, il faut se jeter dans le grand bain et il faut oser en fait. Mais, on a beaucoup travaillé avant d'oser. C'est un travail de groupe, c'est beaucoup de préparation. Surtout dans notre style, parce que ça demande de maîtriser des instruments à cordes qui sont très particuliers. Et c'est beaucoup de travail personnel de se libérer un peu des contraintes de son instrument, de se dire “OK, je suis à l'aise pour jouer mon instrument plus ou moins dans toute situation”. Du coup, c'est comme si on avait une boîte à outils, ça ouvre la porte à créer.

Photo du groupe de Winter Woods par Quentin Spitaels
Photo du groupe de Winter Woods par Quentin Spitaels

Laurie : Encore une petite question. Je vous ai entendu parler de la “Rock's cool”, notamment comme d’un labo musical, c'est-à-dire ?

Adrien : Alors, tous les dimanches, depuis le début, on répète dans les locaux de la “Rock's cool”. Ils nous mettent les locaux à disposition. Ils nous ont beaucoup aidé, ils nous ont permis de jouer nos premiers concerts, ils nous ont mis en contact avec Pierre, Paul, Jacques. Enfin voilà, ils nous ont soutenus. C’est une sorte de laboratoire parce que c’est là que tout s’écrit. On est dans cette petite pièce, là, toute l'après-midi, le dimanche, et c'est là que tout tout se crée, qu'on essaye, qu'on rate, qu'on réussit.

Photo du groupe de Winter Woods par Quentin Spitaels
Photo du groupe de Winter Woods par Quentin Spitaels
Photo du groupe de Winter Woods par Quentin Spitaels
Photo du groupe de Winter Woods par Quentin Spitaels
Photo du groupe de Winter Woods par Quentin Spitaels
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Photo du groupe de Winter Woods par Laurie Macé
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Publié le 4 Janvier 2023 par
Laurie
Macé Laurie
Auteur
Photographe
Laurie
Macé Laurie
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Photographe
Auto portrait
Spitaels Quentin
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