Quelle était ta première expérience dans la marqueterie et comment l'as-tu vécue ?
Ma première expérience dans la marqueterie a été durant mes études à l'école d'ébénisterie d'art de Montréal. J'ai tout de suite vu le potentiel lié aux feuilles de placages mais je n'ai pas très bien vécu cet enseignement car je ne m'entendais pas humainement avec le professeur de l'époque. Cela ne m'a quand même pas empêchée d'explorer et de me perfectionner en autodidacte par la suite.
Quel est ton processus de création ? Qu’est ce qui t’inspire ?
Mon processus de création commence par un coup de cœur ou une envie qui émerge soudainement. Cela peut être lié à une œuvre d'art, une idée dans une conversation, un reflet sur une vitre, la découverte d'un·e autre artiste.. c'est infini. Puis je travaille soit au scalpel, soit à la scie à chantourner et/ou soit à la découpeuse-laser et je fabrique mes marqueteries à la pince à épiler comme un puzzle géant et en utilisant des supports en bois recyclé. Je nourris mon inspiration dans l'Art Nouveau, le Féminin, le Sacré, la Nature, et plus largement le mouvement, car c'est le mouvement qui représente la Vie.
Comment te procures-tu tes matériaux et as-tu une préférence?
J'ai ramené mes feuilles de placage du Canada par cargo, avec tout mon matériel acheté pendant 4 ans ainsi que mes meubles fabriqués là-bas. Il me reste encore du placage de Montréal, j'en achète parfois en ligne suivant les besoins spécifiques et souvent, des personnes rencontrées m'en donnent (ébénistes à la retraite, fin de stocks, personnes qui n'en ont plus l'utilité). J'ai une préférence pour les essences irisées, qui brillent et qui ont des reflets quand on les met à la lumière. J'adore le placage d'Acajou, c'est un bois foncé assez rouge qui peut avoir des reflets incroyables.
Qu’est ce qui t’a amenée au hang’art ?
L'atelier bois et la dimension collective :) J'étais auparavant à l'Atelier partagé l'Ad Hoc que j'aime beaucoup à Bruxelles, mais je commençais à avoir beaucoup de stock, à avoir besoin de plus d'espace et d'accéder à des machines à bois. Quand j'ai entendu que le Hang'Art avait un atelier bois qui ne demandait qu'à être utilisé, je n'ai pas hésité.
Quel est ton projet le plus atypique ?
Mmmmh... bonne question! Chaque projet que je fais est assez atypique : jeu d'échec en intégrant un motif de Medusa, co-création d'une oeuvre de 2,40m de haut avec Anne Zagré (athlète de haut niveau Namuroise qui concourt pour les JO 2024), fabrication de 5 marqueteries de 65x95cm inspirées du Pater d'Alphonse Mucha et exposées à Londres avec l'Ambassade de Belgique, mais le plus atypique est la réalisation d'échographies de grossesse en marqueterie de bois !
As-tu un projet en cours ou futur dont tu aimerais nous parler ?
Je travaille depuis mars 2020 en collaboration avec Audrey à Montréal sur la fabrication du jeu de Tarot Ex-Libris, un jeu de tarot de 78 Arcanes fait en 2 essences de bois différentes sur chaque Arcane. Pour réaliser ce jeu, je fabrique chaque Arcane en 2 essences de bois pour respecter l'essence même des Ex-Libris (encre noire sur fond blanc), cela signifie que je dois fabriquer 156 marqueteries pour terminer ce jeu de Tarot. À ce jour, 46 Arcanes sont terminés et seront exposés en octobre à l’anniversaire du Hang’art, en mixant avec un univers sur le fantastique et l'imaginaire. Audrey et moi faisons un gros travail de recherche sur les Ex-Libris, pour s'assurer qu'ils soient libres de droits et pour trouver des illustrations en lien avec la signification des cartes. Audrey écrit le livret d'interprétation et nous publierons ce coffret sous forme de cartes imprimées quand le jeu sera terminé, la patience est une vertu ;)