Xavier Istasse : Rétrospective d'un vivant
Chronique d’un Nékicool.
Auteur : Charlie Moens // Assistante accoucheuse : Mélanie De Groote
J’aime bien les documentaires, ça m’intéresse alors je n’ai pas hésité une seconde quand on m’a proposé d’aller voir les films de Xavier Istasse. Je ne savais pas qui c’était et je ne connaissais pas son travail. On m’a juste dit que c’est un artiste namurois encore vivant. Je me demandais ce que j’allais voir. J’étais curieux.
J’ai donc rencontré Xavier Istasse à travers les trois documentaires projetés au Caméo par les Grignoux. Je ne m’attendais pas à ce que j’ai vu en fait. Je pensais que ce serait différent, plus ennuyant. Ils sont très bien ses films! Et puis, voir les trois comme ça, l’un à la suite de l’autre en l’espace d’une petite semaine, ça permet de rester dans l’ambiance, de voir les points communs entres les œuvres, de faire des liens, de mieux comprend le travail de l’auteur et son évolution. Sur grand écran, c’est quand même mieux qu’à la maison… Le son est plus développé dans une salle de cinéma et on voit mieux, on n’est pas dérangé par son petit frère ou par autre chose.
Quelques mots sur les trois films que j’ai vu :
Les gens du fleuve, 2012.
Ça parle des gens qui vivent sur les bords de la Meuse. Ça parle des gens qui l’adorent. Ça parle du tourisme d’autrefois dans la vallée mosane. On y découvre de très beaux paysages et de chouettes anecdotes.
Le bout de la langue, 2009.
C’est sur des gens qui parlent encore le wallon, sur des gens qui l’apprennent à d’autres. C’est une bonne idée de faire des trucs sur le wallon parce que c’est une langue qui disparaît. J’ai bien aimé le lien avec le breton. Ça m’a rappelé nos dernières vacances…
Namur, Wisconsin, 2015.
Le troisième film était vraiment bien aussi. J’ai appris pas mal de choses. Je ne savais pas du tout qu’il y avait des Namurois qui avaient migré aux États-Unis. C’est dommage qu’il n’y ait plus qu’un ou deux locuteurs wallons là-bas. C’est ce film qui lui a donné l’envie de faire le précédent. Tiens, d’ailleurs, je me demande pourquoi ils ne les ont pas projetés dans l’ordre?
Mon film préféré est celui sur la Meuse. C’est vraiment magnifique. Xavier l’a rendue belle. Ce sont des paysages que je connais pour la plupart. J’habite près de la Meuse et je vais à l’école en vélo par les quais. Le matin, je vois les brumes qui montent du fleuve et celles qui descendent de la Citadelle, c’est vraiment très beau. C’est une chance de la voir tous les jours. Namur serait différente sans la Meuse. Ça apporte une beauté, c’est changeant.
Le wallon, c’est intéressant mais ça me parle moins… Mes arrière-grands-parents parlaient wallon, maman comprend encore le wallon, mais pas papa et moi encore moins. Il y a quand même des mots et des expressions qu’on connaît sans le savoir comme binauche, betch, spotchî et sûrement encore plein d’autres en fait. Je les ai reconnus en voyant le film. Je n’en avais pas conscience avant…
Je me reconnais quand même plus dans le fleuve, il sera toujours là, lui, pas le wallon… Ça serait plus grave si c’était le fleuve qui disparaissait, non?
J’ai reconnu le style de Xavier Istasse dans un livre qui traîne à la maison. Ça s’appelle « Vies de Meuse », c’est un beau livre, j’aime bien le feuilleter. Et donc, il fait des documentaires, mais aussi des livres. En y regardant de plus près, il a fait les photos pour ce livre. Ah bon, il est photographe aussi… En fait, ce sont deux métiers artistiques qui vont bien ensemble. C’est un peu logique parce que ce sont deux arts de l’image.
Par rapport à d’autres films que j’ai vus, il va chercher beaucoup d’archives et il les mélange avec des photos esthétiques et artistiques. Il fait des belles images et il aborde des sujets proches de nous. Il fait le lien avec des vieilles images qui nous aident à voir les changements. On dirait qu’il est toujours au bon endroit au bon moment pour filmer ou faire une photo. On dirait que c’est un court instant, mais qu’il était là! On reconnaît les paysages mais il les attrape avec une lumière qui les met en poésie.
Xavier, si tu me lis…
J’aimerais bien que tu fasses un documentaire sur les liens entre les trains et la Meuse. Dans ton film sur « Les gens du fleuve », on voit passer des trains et c’est vrai que la Meuse est omniprésente quand on va à Andenne ou à Dinant en train. C’est une autre vue de la Meuse, c’est agréable, paisible… Ça me plairait aussi de voir un documentaire sur les citadelles de Vauban, sur leurs histoires, ce qu’elles sont devenues…
Je me suis un peu renseigné à son sujet…
On l’a compris, Xavier est passionné par l’image. Il a fait de sa passion un métier, et même plusieurs métiers: chef opérateur (ou directeur photo), réalisateur, créateur scénique… Il est aussi prof de prise de vues, de montage et de réalisation à la Haute École Albert Jacquard de Namur. Il est aussi sensibilisé aux questions de la migration et très impliqué dans le Collectif Citoyens Solidaires actif au Centre des Réfugiés à Belgrade. Il a participé au bouquin « Lignes de Vie », un recueil de témoignages réalisé par les bénévoles du Centre.
A acheter absolument dans les bonnes librairies namuroises comme Papyrus ou Point Virgule, pour les nommer:
Vies de Meuse, C. VANDENBROUCKE et X. ISTASSE, éd. namuroises, 2019, 30 euros.
Lignes de Vie. Des migrants et des citoyens se rencontrent, Collectif Citoyens Solidaires de Namur, éd. namuroises, 2018, 120p., 12 euros.