Stotzem 1 – Covid 0
Chronique du concert de Jacques Stotzem 4/12/20, Le Delta – Adrien Burton
C’est en - tout - petit comité que le guitariste fingerpicking Jacques Stotzem se produisait en captation live ce vendredi 4 décembre 2020. L’équipe du Delta, tristement privée de ses spectateurs afin de respecter les normes sanitaires, nous accueillait en toute simplicité mais avec le sourire et quelques joyeusetés à se mettre sous la dent et dans le gosier.
A peine le temps de saluer les organisateurs qu’une silhouette de noir vêtue file dans mon dos, guitare à la main lançant un malicieux « ça va commencer ! ... » Quelle plus belle invitation à entrer dans l’univers du guitariste belge le plus connu au monde ? Dans la salle Tambour, écrin prêt à accueillir ce live retransmis en direct, l’ambiance est feutrée et l’émotion est palpable, surtout en ces temps de disette culturelle où les concerts sont plus rares que les cheveux sur la tête de Mussolini.
Stotzem, rodé à la scène depuis plus de 40 ans, se prête vite au jeu nouveau du live stream, et entame sa prestation par quelques mots bienveillants à l’attention du public qui écoute de l’autre côté de l’écran. Le guitariste aime mélanger les styles et les époques, il ouvre donc le bal avec Back to the western sky, découvert sur son précédent album. Enchaînement avec Sur Vesdre, magique hommage à sa ville natale de Verviers. Ce qui touche face à un virtuose comme Stotzem, c’est évidemment sa maîtrise de l’instrument, mais surtout sa manière de vous emmener là où son cœur s’est posé une seconde ou même toute une vie, sans que vous n’ayez rien vu venir…
Mais place aux petits nouveaux ! Alors que l’album « Places we have been » (2019) était plutôt teinté d’une douce nostalgie, comme une vieille maison d’enfance dans laquelle on revient des années plus tard, les morceaux que l’on découvre ce soir font plutôt taper du pied en rythme. Big Deal, inspiré des classiques du rag time ; Blues Print qui rend lui hommage aux vieux briscards du blues dont l’artiste s’inspire pour donner une version déployée aux relents secs de vieux désert américain.
Toujours proche de son public, Jacques Stozem sait trouver les notes qui mieux remplacent les mots, notamment pour exprimer le désarroi des artistes pour qui tout ou presque s’est arrêté depuis de longs mois déjà.
Il nous régalera aussi d’une interprétation de Hey Joe, classique pour tout (post) ado qui a un jour posé ses mains sur un manche de gratte. Les riffs de Hendrix côtoient ici les envolées fingerpickiennes et donnent en cœur la banane à nos oreilles assoiffées d'émotions. Un accordage, une petite vanne, et on avance - déjà… - vers la fin du concert avec notamment un Twenty One tout habillé de cuir noir.
« Merci à vous tous et à bientôt en live ! » clôture Stotzem avec sa bonhomie qui fait du bien. Talent, simplicité et gentillesse, une chose est sûre, la Belgique a toujours un Grand Jacques !