Les Solidarités, édition 2022

Chronique / Reportage / Interview : Virginie Clausse et Photographe : Frédéric Beth

Un festival solidaire pour vivre à nouveau la musique
L’affiche de cette année, nous laissait dubitatifs. Axée en majeure partie sur les grooves et
mouvements pop/hip-hop actuels, y restait-il une place pour les autres styles ? La réponse est oui,
grâce à la palette de talents des artistes conviés. Même si l’on regrettera l’absence de bons gros sons
rocks voire métal, pourtant bien présents dans le paysage musical belge et francophone.
Petit aperçu vécu par vos envoyés motivés, Frédéric Beth aux photos, Virgule au stylo.


Jour 1
Arrivés à un des points de départ pour les navettes prévues, désillusion : les bus, annoncés toutes les
7 minutes à grand renfort de pub, ne fonctionnent pas à ce rythme, et même loin de là. C’est un
véhicule normalement réservé au transport des invités VIP qui nous dépose in fine juste devant
l’entrée : l’occasion de rencontrer un sympathique chauffeur qui nous raconte avoir juste avant
transporté Hoshi et Grand Corps Malade. Une chouette ambiance se met en place entre les
bénévoles, les partenaires de l’évènement, le personnel officiel, les agents de sécurité et les
collègues de différents médias, agences de presse ou autres que nous fréquenterons tout au long de
ce festival. On sent le bonheur de se retrouver, de partager, et la bonne volonté est affichée.
Une fois notre QG installé dans le point presse, nous vadrouillons sur le site, passant d’un concert à
l’autre, d’un cornet de frites à une boisson rafraîchissante, d’un échange à une rencontre.
Quatre concerts à la loupe pour ce vendredi :


GAUVAIN SERS
Soft, pop, dansant, le chanteur parisien ne ménage pas ses efforts sur la grande scène pour chauffer
le public et créer ou renforcer un lien. Il parle autant qu’il chante, et la sauce prend. Un brin de
poésie, de l’espoir pour l’humain et les lendemains. Sympa, mais l’influence de Renaud se fait
énormément ressentir, ce qui empêche une certaine spontanéité. Saluons cependant la belle
disponibilité de l’artiste, qui passera beaucoup de temps à la boutique artistes pour dédicacer ses
albums.

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GAUVAIN SERS © Frédéric Beth

MOJI X SBOY
C’est avec étonnement que nous découvrons un théâtre de verdure rempli de jeunes personnes
visiblement impatientes, certaines portant des t-shirts avec le logo du groupe annoncé, originaire de
Liège. Rap et auto-tune, des beats qui soulèvent le public. Ambiance de feu, mais peut-être n’est-ce
pas assez parlant pour les « plus de 20 ans ». Passés quelques morceaux, la répétition des rimes
(« hôtel, oseille, motel ») et l’auto-tune en overdose nous amènent à migrer vers d’autres lieux. On
s’aperçoit néanmoins plus tard que les chanteurs sont restés longtemps sur place, pour prendre des
photos avec leurs fans. Sympa.

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MOJI X SBOY © Frédéric Beth

HOSHI

Probablement la tête d’affiche la plus attendue. J’espérais être surprise, en vain. Les consignes de la
chanteuse et de son management n’autorisent pas les photos en frontstage. Après d’âpres
négociations, seuls trois photographes seront autorisés – au prix de conditions très strictes – à
approcher le devant de la scène. Lorsque l’on sait le nombre de téléphones portables qui filmeront et
photographieront le concert dans de moins bonnes conditions et la vitesse à laquelle cela sera
diffusé sur les réseaux sociaux, on se dit que si la valeur n’attend pas le nombre d’années, les
caprices de diva non plus.
Arrivée sur scène en tenue hyper relax et faussement simplissime (tonalité générale pour les artistes
de cette génération lors de ce festival), Hoshi fait face à un public conquis mais n’atteint pas ceux qui
la découvrent. Les morceaux s’enchaînent, les fans reprennent les paroles en chœur, mais rien ne se
démarque véritablement : l’ambiance est davantage dans le public que sur scène, espace que la
chanteuse peine à remplir. Les thèmes abordés dans ses textes restent très ciblés sur un âge et un
type de jeunesse, de quoi désarçonner les autres. L’émotion parait à la limite du jeu sur certains
titres, dommage.


GRAND CORPS MALADE
Un show scénarisé pour donner l’impression au public d’être dans son cerveau. L’artiste compense
ses soucis de mobilité par une présence immense: il est de ces personnes qui irradient bien au-delà
de la scène-même. Il parle, chante, slame, et sa performance remplit tout l’espace. Accompagné par
des musiciens au top – et notamment Quentin Mossiman, qui a composé son dernier album, aux
claviers et seconde voix. On retiendra notamment le duo virtuel avec la jeune Suzane, plein
d’humour et de peps. Décidément, un grand corps malade, certes, mais un grand poète et un artiste
éblouissant de charisme et de talent.

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GRAND CORPS MALADE © Frédéric Beth


JOUR 2
C’est le week-end, les familles investissent le terrain, les promeneurs curieux aussi. Les attractions
essayent de plaire à tous, du cirque ambulant à la grande roue, en passant par graffitis, le skate-park
et les débats politico-associatifs. Coup d’œil sélectif et subjectif dans le rétro.


FLECHE LOVE
La chanteuse suisso-algérienne en fait des tonnes, que ce soit au niveau vocalises ou danse, mais le
public reste peu réactif. On sent un désir de surfer sur les tendances actuelles et sur celles de ses
racines, mais le mélange ne prend pas. Entre rythme effréné, danse sensuelle, lyrisme et discours
engagés sur le ton bien-pensant de notre époque, l’artiste semble elle aussi se perdre.


RORI
Présentée comme l’étoile montante belge, ce petit bout de femme présente d’emblée une voix
puissante, aux accents groovy bien marqués. Elle gère « comme une grande », dans un style
vestimentaire décidément à la mode : short, t-shirt, baskets. Cependant, trois titres permettent de
comprendre que tout est construit dans la même veine et que la sono va beaucoup trop fort. Peu de
relief, malgré un talent certain. Elle aussi reste après le concert pour poser avec ses fans. À voir pour
la suite !

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RORI © Frédéric Beth

L’OR DU COMMUN
On reste dans le style rap/hip-hop avec un bon gros son. Les deux chanteurs bougent, le batteur se
donne à fond. Il y a des passages qui se retiennent, des rythmes qui amènent à se déhancher, mais
l’auto-tune poussé dans le rouge annihile les beats et, à la longue, amollit le concert, qui parait
finalement très long.


EDDY DE PRETTO
C’est reparti pour la tenue phare du festival : casquette, t-shirt, short, baskets. Du tissu vert disposé
partout sur la scène laisse présager des animations projetées. Il n’en sera rien, c’est tape-à-l’œil,
clinquant et plutôt inutile, au final. Un peu comme le concert en lui-même, finalement. Si certains
passages attirent l’oreille et bougent la foule, si le chanteur tient vocalement la route, il manque une
certaine identité propre. Par ailleurs, les basses sont très (trop ?) présentes, au point de faire mal
physiquement.

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EDDY DE PRETTO © Frédéric Beth


BENJAMIN BIOLAY
Si le chanteur français est synonyme de classe, force est de constater que cette réputation est loin
d’être usurpée. Le Lyonnais arrive sur scène avec certes une vareuse de basket au-dessus de son t-
shirt, mais il porte des mitaines, et le style Biolay est là : l’homme en impose, dès son arrivée sur
scène, dès les premières notes. Sa voix rauque s’étend sur l’Esplanade tandis que les sonorités
envoûtantes de « La Superbe » inondent l’espace avec délice. Accompagné d’un groupe rôdé, que
l’on sent soudé, Benjamin Biolay prouve ses talents de chef d’orchestre. Il enchaîne les titres
porteurs, connus, et y inclut des nouveautés. Il se permet de reprendre « Padam » sur un ton plus
rap raccord avec l’époque et qui sonne finalement très rock, aussi. Il distille sa poésie mélancolique
entre deux gorgées – parfois de vin – et quelques paroles timides. Il souligne sa joie d’enfin rejouer
en Belgique après plus de deux ans de reports. Magnifique, il est toujours juste, toujours touchant. Le
public ne s’y trompe pas et c’est une vraie communion jusqu’au final, où l’équipe entière salue
longuement le public. Benjamin Biolay réconcilie les paroles, la musique, le rock, l’époque, la fête,
l’espoir et une classe rare. Du grand art.


CLARA LUCIANI
L’artiste est grande, mais visiblement son ego ou son management encore plus. Elle ne veut pas de
photo. Du coup, on ne veut pas voir son concert non plus, na. Oui, on se met au diapason.


Jour 3
Fatigués, nous ? Oui ! Mais ça en vaut largement la peine, alors on rechausse nos chaussures pleines
de la poussière de la plaine, on oublie les courbatures liées à toutes les marches montées et
descendues, et on repart ! Surtout qu’aujourd’hui, il est prévu que l’on rencontre Cali, dont nous
avons pu avoir le nouvel album en écoute avant-première pour l’occasion. Un moment suspendu, à
lire après cette chronique…

DELTA
C’est par le concert de ce duo belge que notre journée commence. Les deux chanteurs et musiciens,
connus pour les titres qu’ils ont écrit pour d’autres (Noah, Pagny et Mustii, entre autres), font parler
d’eux depuis un certain moment. Le public est au courant et il y a déjà beaucoup de monde pour un
set prévu à 14h. C’est frais, pop, très radiophonique. Cela reste cependant très lisse, et les titres
s’enchainent sans qu’aucun morceau ne ressorte particulièrement.


LUBIANA
L’artiste belgo-camerounaise a approfondi son registre depuis l’époque « The Voice » et joue
notamment avec les sonorités du pays d’origine de son papa, y compris au niveau instrumental. La
chanteuse semble s’être trouvée, sa voix ne force plus, et elle gagne en puissance, en étendue, en
émotions. Lubiana rayonne et prend plaisir à chanter, à bouger doucement. Le public suit, captivé,
bercé, touché. C’est joli et ça fait du bien.
CHRISTOPHE MAE
Si les cheveux et la barbe du chanteur se parent désormais de gris, cela n’entame en rien son
enthousiasme, sa voix ou sa bonne humeur communicative. Ses musiciens, de par leurs origines et
orientations musicales, y contribuent grandement, et l’alchimie entre eux donne l’impression d’un
bon moment. La foule ne parait pas si nombreuse qu’attendue, mais cela chante, danse, bref, c’est
« pas ma came », mais le rendu est agréable.

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LUBIANA © Frédéric Beth


CALI
Le Français a la réputation d’un show man hors pair. C’est loin de la vérité : Cali est une bête de
scène – et même en dehors, vu le temps qu’il passe dans le public. Dès avant le concert, il court y
réaliser quelques selfies. Le chanteur est en effet acclamé dès son arrivée : sourire jusqu’aux oreilles,
il se retourne fréquemment vers ses musiciens pour partager son plaisir, son étonnement face aux
réactions enthousiastes du public. Il dédie le concert à son amie, sa « grande sœur », Dani et à notre
Arno national, surnommé « notre grand frère à tous ». Il ne faut que quelques minutes pour que le
fantasque rockeur invite les photographes accrédités à monter sur scène, au milieu de ce qu’il
appelle son « band ». Les professionnels les plus aguerris sont surpris, c’est surréaliste. Tout le
monde chante, les morceaux jouent les prolongations mais la notion du temps a disparu. Cali se jette
dans la foule à plusieurs reprises, remontant et descendant tout le Théâtre de Verdure en
crowdsurfing, réclamant une bière une fois arrivé au sommet, déclame son amour pour l’Irlande en
reprenant un peu de U2. Cali joue ses plus grands succès et y mélange deux de ses nouveaux
morceaux, dont le single « Lâche pas », déjà disponible sur toutes les plateformes. Et lui, il ne lâche
rien : jusqu’au bout, malgré une blessure (superficielle mais impressionnante) liée à ses cascades, il
chante, crie, hurle, rampe, danse, habité par toutes ses influences (on peut deviner en transparence
les mimiques d’Iggy Pop, Mick Jagger, Bono, Jim Morrison, Ziggy Stardust, notamment). Il finit par
lancer sa chemise déchirée dans le public, revêt un t-shirt des Solidarités offert par un fan et drape
son micro dans un drapeau belge issu lui aussi du public. C’est avec tous ses musiciens, et sa fille
Popée, qu’il salue un public charmé. Père et fille remontent vers leur loge enlacés, Cali à bout de
force mais les yeux encore brillants, saluant encore quelques fans au passage. Il nous a confié avoir
commencé la musique pour être heureux, et c’est contagieux. Le rock, la simplicité, la poésie et le
partage ne sont pas morts, ils sont chez Cali.


Bulletin général
La dernière édition des Solidarités sur ce site – en attendant la fin des travaux – a tenu des
promesses : ambiance cool, points d’eau gratuits pour remplir notre gourde, des concerts à l’heure,
des prix raisonnables « pour l’époque », l’accueil pour tous, la sympathie des personnes œuvrant sur
le site, la propreté des lieux.
Parmi les points à améliorer, nous retenons : la difficulté des chemins et accès aux scènes pour les
PMR, l’absence de programme distribués à l’entrée, une affiche un peu pauvre.
Mais l’essentiel est là : le partage, la musique, la culture. Bref, on en redemande !

Rencontre avec Cali, Château de Namur
En préambule aux Solidarités, nous recevons un e-mail de l’attaché de presse de Cali, nous
proposant de participer à une série de tables rondes afin de rencontrer l’artiste autour de
son nouvel album « Ces jours qu’on a presque oubliés » (Vol.1), qui sortira en octobre
prochain chez VERYCORDS. C’est avec joie et impatience que nous acceptons, l’artiste ayant
la réputation de s’afficher en toute sincérité.
Un nouvel album
Bons élèves, nous écoutons l’album – aimablement envoyé par l’attaché de presse – pour
nous forger une opinion. Ce nouvel opus est présenté comme acoustique, un retour aux
racines blues des influences de Cali. Il y collabore notamment avec un musicien des
Waterboys, son groupe de référence.
Émus dès les premières notes, l’album tourne en boucle dans notre playlist depuis. Le 1 er
single, « Lâche pas », qui est aussi le premier morceau, prend aux tripes : on connait tous
quelqu’un à qui on voudrait crier de ne pas lâcher. Le phrasé, le ton est différent de ce que
l’on connait habituellement chez Cali.
Les onze morceaux sont à la fois dans la même veine et tous différents. Cali réussit cette
performance de surprendre, comme avec cette gigue irlandaise à la fin du musicalement
sobre – mais magnifique- titre « Alain Souchon ».
Il y a des notes country à la Johnny Cash, du blues à la Bruce Springsteen, et on a autant
envie de s’asseoir avec une tête songeuse, en buvant un verre avec un bon ami, que de
danser.
L’ombre et la lumière en même temps. Cali n’a pas choisi, il est tout ça à la fois. Un Soleil qui
aurait mangé la Lune, une Lune qui étreindrait le Soleil. Et vice et versa.

La table ronde
Dimanche, en milieu d’après-midi, nous avons rendez-vous avec l’attaché de presse des
Solidarités qui nous emmène, avec une quinzaine d’autres représentants de médias, vers le
Château de Namur où nous allons rencontrer Cali. D’autres groupes suivront après le nôtre,
mais Cali prend le temps. Là où trente minutes étaient prévues, nous arrivons à près d’une
heure d’échanges.
La solidarité n’est pas un vain mot ici non plus, car nos collègues de RCF proposent de mener
l’interview et de partager le son à tout le monde par la suite. Je parviendrai tout de même à
poser deux questions à Cali et nous avons tous deux pu échanger quelques mots en dehors
de l’interview proprement dite.
Pour laisser à César ce qui est à César, je reprends ici en résumé ce qu’a répondu Cali aux
questions de nos collègues – mais qui s’adressait à tous – et plus en détail les questions que
je lui ai posées.

CINQMILLE: Qu'est-ce que ça te fait d’être à nouveau programmé aux Solidarités :
CALI : « Je suis ravi, il y des festivals comme ça, très fidèles, et les Solidarités en font partie.
J’ai plaisir à revenir. Quand je vois tout ce que j’ai à faire dans l’année, quand je vois cette
date dans la liste, je coche, je suis content. Avec le groupe, on est contents d’arriver ici
aujourd’hui, sur notre route, de retrouver des copains : Gaëtan Roussel, Christophe Maé… »

CINQMILLE: Quand on l’interroge sur le fait de jouer en Belgique :
CALI : « Grâce à la filiale EMI, qui m’a pris sous son aile il y a très très longtemps, dès le début,
et à mon attaché de presse, Christophe, je suis un des chanteurs français qui joue le plus en
Belgique. J’ai beaucoup de chance. Je le mesure. J’aime profondément la Belgique. Je ne dis
pas ça parce que vous êtes là ! Il a quelque chose de très fort, de très puissant, de dixième
degré qui me touche beaucoup. J’ai sorti un album il y a quelques temps qui s’appelle « La
vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur ». Paris Match, ils m’ont pris en
photo : meilleur profil, clac, ok. Match quelque chose, ici en Belgique, ils m’ont donné un
costume, je me suis mis torse nu et ils m’ont peint des écailles de poisson pendant 3h, ils
m’ont déguisé en truite ! Après j’ai dit : « ok, on fait les photos ? », hé bien non, on est allés
dans des étangs et j’ai vu quatre gars débarquer avec un requin en Plexiglass. Ils lui ont mis
la queue dans l’eau et m’ont demandé de m’allonger dans sa gueule. Vous êtes des génies !
C’est ça qui me touche. Il y a toujours des trucs comme cela qui se passent. Ça n’arrête pas !
J’aime tellement la Belgique qu’une amie m’a fait des papiers d’identité belges. Quand on
m’embête, chez moi, parfois je sors mes papiers belges. Ça peut aider ! En plus, vous avez le
plus grand groupe de pop du monde : dEUS. Si j’étais prof de pop à la fac, le 1 er jour je
passerais aux élèves « Instant Street », sur « The Ideal Crash », et je dirais que la pop, c’est
ça, y a tout. Pour moi, c’est plus haut que les Beatles. J’ai eu la chance de jouer avec Alan
Gevaert, le bassiste, sur « La truite… », et puis j’ai chanté avec l’autre taré de chanteur (rires)
(ndlr, Tom Barman), magnifique, sur mon album précédent, « Cavale », et c’est génial. »

CINQMILLE: Outre ses concerts, toujours très rocks, Cali est également en tournée pour un spectacle
seul en scène, qui sera d’ailleurs joué à Namur, au Delta, le 29 septembre prochain. Un
exercice de style totalement différent au sujet duquel il dit :
CALI : « Le titre, c’est « Ne faites jamais confiance à un cow-boy ». C’est inspiré de Bono (le
chanteur de U2), qui signe souvent ça. J’aime l’idée du duel, le fait qu’il y en ait toujours un
plus honnête que l’autre, même s’ils sont tous les deux malhonnêtes. Le mec qui tire avant
alors qu’il n’a pas le droit de tirer… On s’en fout, l’autre il est mort, après ! Ça me fait rire, ça
me plait beaucoup. Ce spectacle, c’est un banc, un réverbère qui est mon ami, et moi je suis
un clochard. Je dors, et puis quand je me réveille je dis aux gens qu’avant j’étais un chanteur,
que j’ai eu du succès, mais c’est une catastrophe. Aujourd’hui, je suis libre, avant j’étais
empoisonné. Maintenant je chante pour les étoiles, pour moi, pour les gens qui passent… Je
joue quelques chansons de mon nouvel album, je parle de mes enfants, je lis du
Shakespeare, il y a plein d’histoires. C’est très poétique, je crois. Mais les gens sont surpris.
Ils se demandent quand je vais leur sauter dessus et, non, en fait. Je me marre. Pour l’instant
j’ai de très bons retours. J’ai des concerts rock, mais là c’est autre chose. Je reviens à Namur
pour ce spectacle bientôt, et j’ai aussi d’autres dates en Belgique. J’ai beaucoup de chance. »

CINQMILLE: Quant à savoir ce qui le ressource, le motive :
CALI : « Ce qui me ressource, c’est de profiter car d’autres musiciens n’ont pas la chance de
vivre de ça. Musique, cinéma, romans… Croquer la vie car on vit, on meurt. Chaque concert
peut être le dernier, on ne sait pas. Il faut profiter. La vie c’est un voyage. C’est ce que
j’essaye de transmettre à ma fille de 9 neuf ans, Popée, qui voyage avec nous pour le
moment. Je dis toujours que j’ai 16 ans et 13998 jours. On les compte, les jours, c’est vrai.
Chaque jour compte. On n’a qu’un seul tour de manège. Un seul tour pour s’émerveiller. Je
voulais être troubadour, voir le monde et avoir plein d’enfants. Je suis troubadour et j’ai
quatre enfants. Être papa, c’est le plus difficile, mais j’essaye. Ce dont je suis le plus fier, ce
sont mes enfants.

CINQMILLE: En évoquant son parcours :
CALI : « Je ne parle pas de carrière, car si on parle de carrière on parle de faire d’attention. Et
si on fait attention, on n’est pas sincère. Et si on n’est pas sincère, on ne peut pas être
chanteur. Et si on n’est pas chanteur, moi en tout cas je ne sais rien faire d’autre. Je peux
crier que j’ai besoin d’amour tous les soirs. Si j’étais banquier, je ne pense pas que je
pourrais. Mais on n’est pas obligé d’être chanteur pour vivre des choses sublimes. J’ai
commencé la musique car, plus jeune, en observant un groupe de mon école, j’avais
l’impression qu’ils étaient tellement heureux ! Mais j’ai d’autres rêves. J’aimerais faire le
tour du monde en bateau, par exemple. Retourner en Irlande. On appartient au pays où on
veut mourir. Pour moi, c’est I’Irlande. J’adore la sympathie de ce pays. Les contes, les pubs…
malgré les réseaux sociaux ».


CINQMILLE : « Nous avons ressenti beaucoup d’émotions en écoutant votre album. Le 1 er
morceau, notamment, nous a particulièrement émus. Il nous fait penser à Arno, comme un
hommage, y compris dans la façon de le chanter, le rapport à la mer…»
CALI : « Il me manque beaucoup, Arno. J’ai eu le chance de le croiser, moins que d’autres et
plus que d’autres. Chaque fois, c’était assez merveilleux. On a passé une longue nuit à Paris,
où on a parlé. J’ai partagé la scène avec lui. Je me souviens d’une télé où on a fait « Chic et
pas cher ». Mais j’ai ce souvenir où je suis à Bruxelles avec ma famille, et on va vers le
quartier de l’Archiduc et Arno me demande ce que je fous là. Je lui dis que je veux manger
des moules et des frites, et il me dit que je dois aller à tel endroit. Et là il y une vieille dame
avec un parapluie qui arrive et qui lui tape sur la tête avec un parapluie en lui disant : « Non
Arno, ce n’est pas la saison des moules, tu peux pas… »… Et ils se sont engueulés ! C’était
merveilleux. Pour moi, c’était ça, Arno. Maintenant, cette chanson, il y a des gens qui ont
perdu d’autres gens et qui me disent que c’est pour eux. À la fin, je me dis qu’elle est pour
moi, cette chanson, c’est peut-être ça. Mon ami Fernand, qui a réalisé le clip, m’a fait courir
dans mes montagnes catalanes pendant deux jours. On est parti à deux heures du matin
pour avoir le lever de soleil. À mon âge ! Mais j’étais mort, quoi ! »

CINQMILLE : « Oui, mais c’est authentique… »
CALI : « Oui ! J’ai eu la chance d’aller voir les Stones à Paris pour leur dernière tournée. J’ai
vu un gars de 79 ans courir sur scène comme un gamin, Mick Jagger. Là, je me suis dit
« Waw, comment il fait ? Te plains pas, mec ! C’est ouf.  Cette chanson, merci, elle me
touche beaucoup. Je l’ai commencé en guitare-voix, et j’ai des copains qui se sont mis à
jouer dessus aussi, à s’amuser, et ça m’a offert ça. J’adore. J’adore mon album, en fait
(rires) !


CINQMILLE : « Ça se ressent, c’est un kiff personnel et à offrir, il est extrêmement touchant »
CALI : « Merci ! Ce soir, on a qu’une heure donc on ne jouera qu’un ou deux morceaux de ce
nouvel album. Les gens veulent entendre « Elle m’a dit » et « C’est quand le bonheur ». Mais
avec les copains, on a arrangé ces nouveaux morceaux façon rock un peu particulier. Et c’est
génial, ça marche aussi. Le héros, c’est la chanson, pas le chanteur, donc on l’habille comme
on veut. Chaque album, il y a des amis qui ont apporté un son, et on creuse, on découvre, je
suis comme un gamin. Quand je les joue en cow-boy, ces chansons, seul en guitare voix,
c’est la sincérité, c’est pur, pur, pur ».

CINQMILLE: Une collègue lui demande de se définir en un mot :
CALI : « Je ne sais pas… (Il se tourne vers sa fille) Qu’est-ce que tu dirais, toi ? – Popée :
« Inconscient ». Éclat de rire général, Cali lui envoie un baiser.

La rencontre se termine, certains demandent un autographe, une photo… Moi, je choisis de
lui donner quelque chose : le stylo-bille avec lequel j’ai pris mes notes. Parce que c’est un
stylo Alain Souchon et qu’une chanson du nouvel album porte son nom. Alain Souchon l’a
appelé, un jour, pour le consoler d’avoir perdu une nouvelle fois aux Victoires de la musique,
et lui dire qu’il aimait ses chansons. Et ça, comme il le dit : « C’est classe. Il a demandé mon
numéro pour me dire ça. T’imagines ? ».
Toi aussi, tu es classe, Cali. Et généreux. Le concert qui suivra quelques heures plus tard nous
l’a bien confirmé !

Liens utiles et intéressants :
https://lessolidarites.be/
http://www.caliciuri.com/
https://www.youtube.com/watch?v=N5_OW4uVIbE
https://www.facebook.com/brunocali
https://fr.livenation.be/show/1377355/cali/namur/2022-09-29/fr (via le site du Delta ça ne
marche pas)

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