Le Delta : Grand Opening
Chroniques croisées
Articles et photos de Carine Simão Pires et Samantha Louppe
Photo bannière : Margaux Voglet
C’est avec une certaine excitation ou plutôt une excitation certaine que j’ai passé les portes du Delta ce samedi 21 septembre. Enfin, je dis les portes, plutôt par les quais de Sambre après une petite balade sur le halage. Depuis Salzinnes déjà, on pouvait entendre une bande de joyeux personnages, bien installés sur un vélo un peu bizarre, inviter le namurois à sortir de sa chaumière, en musique et à l’aide d’un mégaphone, pour venir fêter l’événement.
Le temps est magnifique, la douce chaleur de septembre berce les quais d’une atmosphère légère et festive. Quelle veine car nous n’aurons probablement plus d’aussi belle et chaude journée avant le printemps prochain…
Trêve de plaisanterie : après l’effort, le réconfort ! Allons déguster un petit verre bien mérité après notre longue marche. Que de choix entre les différents bars intérieurs et extérieurs, jusqu’à la magnifique terrasse panoramique surplombant Namur. Notre choix se porte sur le bar extérieur géré par un cuisinier qui ouvrira bientôt son restaurant là, avec vue sur la citadelle. Les prix sont un peu plus élevés mais nous trouvons davantage de produits locaux à la carte, ce qui aurait donné du sens à celle du Delta.
Nous profitons donc de cette fin d’après-midi ponctuée de jolies saveurs, accompagnés des sons planants de Réservoir Dub feat Omar Perry. La suite s’annonce prometteuse.
Il y a tellement de choses à voir qu’il faut faire des choix. Moi j’ai surtout décidé de flâner, avec l’envie de découvrir les étages, la configuration des différents espaces, et de m’arrêter là ou mes pieds se posent. Pour le reste, le Delta ne va pas bouger de sitôt, nous auront toute l’année pour en profiter.
Tout paraît tellement plus grand… Après 10 années à aider la Rock’s Cool à organiser ses concerts, j’en ai passé de nombreuses heures dans ces murs ! Certains endroits sont restés comme avant, avec un sérieux rafraîchissement. Je ne me sens pas trop dépaysée et en même temps je regarde l’endroit avec d’un œil nouveau. C’est clair et lumineux, c’est sobre. Ça laisse la place à tous les artistes qui viendront nous faire profiter de leurs talents.
On commence par un tour dans la grande salle où nous découvrons avec joie 90’S NERDS. Le descriptif nous annonçait un concert-boum pour les enfants durant lequel quatre têtes de linotte revisitent les années 90 en mode « brass band ». Je suis ok avec ça seulement si l’on considère que l’enfance s’étend au-delà de 40 ans, puisque tout le monde se déhanche dans la salle. Ben oui, les boums c’est trop cool ! Le style colle bien avec les « quatre têtes de linotte » et clairement, quand ils t’annoncent une super chanson d’amour et qu’ils reprennent Barbie Girl aux cuivres, ça vaut le détour. Je suis conquise, tout comme semble l’être le public qui m’entoure. C’est bien joué, c’est plein d’humour et de tendresse.
On découvre les différents lieux, petit à petit. On passe par les nouveaux studios d’enregistrement, installés et animés par la fine équipe de la Rock’s Cool. C’est super parce qu’au-delà d’être un lieu d’exposition, le Delta se voudra être aussi un lieu de création et d’émergence des idées. Le Point Culture est d’ailleurs dans la continuité de cette démarche, il a grimpé de deux étages et ça lui va plutôt bien. Un petit tour dans le Tambour une petite salle ronde très cosy qui laisse présager de belles rencontres intimistes.
Enfin, on arrive sur les toits et, il faut bien reconnaître que cette terrasse, elle déchire. N’ayons pas peur des mots. On se voit franchement bien y passer toutes nos fins d’après-midi ensoleillées en sirotant un petit verre. C’est vaste et on dirait même à s’y laisser prendre que le tambour va décoller pour rejoindre l’espace.
Namur t’es belle, la vue qui nous est offerte nous le rappelle encore une fois.
Un petit tour au « 7e ciel » pour terminer l’ascension en beauté. L’expo ANIMA (EX) MUSICA y est vraiment fascinante. Je compte bien y revenir pour profiter du son des œuvres – presque vivantes - malheureusement un peu couvert par le bruit des visiteurs.
La fatigue pointe doucement le bout de son nez, il est l’heure de partir. Il y aura, quoi qu’il en soit, mille occasions de refaire le déplacement. Et alors qu’on croyait la soirée terminée, je me fais arrêter par une demoiselle du Marché Noir –autre animation proposée- qui me demande ce que je désire le plus au monde et qui ne s’achète pas. Quelle bonne question... Je vais prendre le temps d’y réfléchir un peu.
On retiendra aussi de cette soirée la belle énergie qui se dégage de toute l’équipe de bénévoles de la Province de Namur. La cohésion est parfaite pour le lancement d’un bien beau et grand projet. Et puis ce tambour qui me laissait perplexe, que je trouvais trop lisse mais qui soudain le soir s’illumine, me faisant instantanément changer d’avis. Reste le nom, je dois bien avouer que « Le Delta » je ne m’y fait pas encore. Je suis attachée à cette bonne vieille Maison de la Culture parce que c’est porteur de sens. Mais bon qui sait, peut-être qu’avec le temps... Ça ne m’empêchera de toute façon pas de venir profiter de la belle programmation qui s’annonce déjà pour cet automne.
Samantha Louppe
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La grande ouverture du Delta
Samedi, 13h. Des familles se réunissent dans la salle Médiator. Poufs et coussins au centre : les enfants se les partagent, s’y prélassent, s’y tortillent. Bientôt, le concert d’André Borbé, Une ouïe inouïe, commence. « Simplement » accompagné de deux tablettes, l’artiste présente un seul en scène joyeux et énergique. En quarante minutes de chansons et d’intermèdes, André Borbé raconte son petit monde, ses étonnantes rencontres. Son usage des tablettes est malin et insuffle caractère et drôlerie au concert. Le public est embarqué, rit de ses imitations – mention spéciale à son imitation du chien plus vraie que nature – et reprend ses paroles à tue-tête. Le spectacle se termine, on traîne encore un peu dans la salle, on fredonne J’ai un caillou dans la pooocheuh... Et puis on s’en va à la découverte des autres merveilles du Delta.
Samedi, 14h. Plein soleil sur la terrasse du Delta. Vue imprenable sur la citadelle. Les cliquetis des jeux anciens, disponibles sur la terrasse, se superposent aux airs diffusés par le jukebox de Soundsystem-o-cycle. Bourvil se met à chanter Salade de fruits, un couple improvise une danse. Le tissu des quelques transats inoccupés ondule sous la brise... On est drôlement bien.
Dimanche matin, les Namurois·e·s sont déjà nombreux au Delta. De notre côté, on est décidées, on est résolues, rien ne nous fera changer d’avis : on va voir l’expo Evelyne Axell. Méthodes pop. On fait juste un tout petit détour, avant, par la terrasse... Là, une danseuse et un danseur de lindy hop enchantent les lieux sur des airs de swing. La simili grisaille namuroise se dissipe peu à peu. La matinée expo devient matinée dansante... On s’applique, on danse, on transpire comme des ladies, et on est ravies.’
Dimanche midi. Ça y est, on est décidées, on est résolues, rien ne nous fera changer d’avis : on va voir l’expo Evelyne Axell. Méthodes pop. Après le swing et le lindy hop, plongée dans les années 70 : ses formes nettes n’hésitant pas à sortir de leur cadre, ses jeux de reflets et de transparence, son usage des matières et des couleurs viennent relancer notre enthousiasme. Que ce soit par leur féminisme ou leur rapport au plastique, les œuvres de cette artiste née à Namur entrent profondément en résonance avec notre époque. Face à ses œuvres, on trouve également celles de Jane Graverol, Nikki de Saint Phalle, Martial Raysse... La saison artistique du Delta commence fort !
Carine Simão Pires
Retrouvez toutes les info et la programmation sur www.ledelta.be