La minute "Cult" de CinqMille
Qui est fan d'Henri De Braekeleer !? Van Gogh !
Chronique de Lorraine Montellier
Henri De Braekeleer (1840-1888) - Fenêtre ouverte sur la modernité . Musée Rops du 19 octobre 2019 au 02 février 2020
Ce matin-là, en route pour le travail, mon regard est accroché par l’affiche de l’exposition temporaire du Musée Rops : Henri De Braekeleer. Fenêtre ouverte sur la modernité. Je m’entends me dire : « Mais qui connait Henri De Braekeleer ?! ».
Une rapide recherche répond à ma question. Van Gogh le comparait à Manet et Rick Wouters à Ensor ! Il ne m’en faut pas plus pour décider de programmer une visite.
Une belle découverte, qui est l’occasion de réviser ses fondamentaux ! Attention, c’est la minute « cult » pour « Cinqmille ». Top chrono !
HDB, pour les intimes, nait à Anvers en 1840, dans une famille d’artistes réputés. Au début de sa carrière, il est influencé par Gustave Courbet, pionnier du mouvement réaliste, ayant fait scandale par ses nus très sensuels (on se souvient de sa magnifique et provocante Origine du monde) ou encore ses représentations de scènes du quotidien.
Ce mouvement influence Henri De Braekeleer dans la représentation de scènes de genre réalistes de son environnement, témoignant ainsi de son intérêt pour les conditions sociales de ses contemporains.
Sa rencontre avec le marchand Coûteau, véritable coach, va influencer son style qui sera alors inspiré de la peinture néerlandaise du 17e. Dans les toiles du peintre anversois, on sent notamment l’influence de Vermeer.
Tout comme l’auteur de La laitière, on retrouve chez De Braekeleer une maîtrise fascinante de la lumière. Un personnage apparaît souvent seul, pensif. Au creux d’un instant suspendu, on le surprend, absorbé par une tâche du quotidien. Il s’en dégage une atmosphère de douce quiétude, souvent interrompue par une fenêtre ouverte sur l’animation citadine.
De Braekeleer est d’ailleurs surnommé le peintre « de la fenêtre », que l’on retrouve souvent dans son œuvre, comme dans la toile Le Carillon. Alors qu’habituellement ses personnages ignorent le spectateur, une femme nous jette ici un regard et nous invite, du bout de son index, à regarder autre chose qu’elle-même ! Mais quoi ?!
Par la grande fenêtre, difficile de se croire dans l’Anvers du 19e siècle, évoluant à l’époque à coup de profondes mutations, notamment urbanistiques. Le décor contraste avec celui de la petite fenêtre à droite, beaucoup plus moderne. La femme nous montre l’église, comme pour nous indiquer, nostalgique, que le temps passe mais que les bâtiments nous subsistent. Chez De Braekeleer, rien n’est laissé au hasard. L’espace est structuré par des jeux de lumière et une profusion de détails, comme sur l’étoffe posée sur les genoux de la femme.
Entre 1879 et 1881, sans que l’on en connaisse l’origine exacte, l’artiste traverse une période de panne artistique. Vincent Van Gogh s’en inquiète dans ses correspondances. Lorsqu’il recommence à peindre, son style a encore évolué. Probablement sous l’influence de l’impressionnisme naissant, il peint davantage par petites touches, comme on le voit sur la nappe de l’œuvre Fraises et champagne.
Cette magnifique exposition, en cours au musée Rops jusqu’au 2 février 2020, propose plusieurs visites guidées gratuites en période de Noël. L’occasion de (re)découvrir cet artiste majeur de l’histoire de la peinture belge, mais aussi la collection permanente des œuvres de Félicien Rops dont De Braekeleer était contemporain.
Lorraine Montellier