Interview de Nathalie Genot : Je sème des possibles, et vous?
Interview par Isabelle Wéry / Photos Julie Lagier et Nathalie Genot
Rencontre sur la terrasse du DELTA surplombant Namur avec Nathalie GENOT, artiste plasticienne et photographe namuroise installée dans le sud de la France.
Cinqmille : Le Delta, c’est un peu ton berceau, culturellement et géographiquement parlant ?
Nathalie Genot : En effet, je suis née à Namur et ai étudié ici avant de partir à Liège étudier les arts graphiques puis la photographie à St Luc. Avec des amis, nous avons monté le collectif Aux Arts Citoyens au sein duquel j’ai goûté à la scénographie et au commissariat d’exposition, ce fut une révélation. Les premiers médias de recherche artistique seront alors pour moi la photographie et la terre.
A 36 ans, je suis partie à Marseille comme graphiste. Ce fut un grand bouleversement pour moi, je quittais tout ce qui faisait mon équilibre, mes repères et mon réseau. Il m’a fallu un peu de temps puis je me suis sentie enfin prête à développer au grand jour ces projets artistiques qui couvaient depuis des années. J’ai rencontré Jérémy Chabaud et Stéphane Sarpaux qui m’ont donné la chance d’exposer mes créations. Et là je me suis dit que c’était vraiment moi, je ne pouvais pas faire autre chose que créer.
Comme j’aime découvrir les matières, j’ai ouvert le champ des possibles et je ne me limite pas à un seul média. Ma démarche artistique est axée sur la répétition, les territoires et notre positionnement dans le monde.
En 2013, j’ai eu la possibilité de travailler sur un gros projet de scénographie dans le cadre de Marseille, Capitale européenne de la culture. Ce fut un challenge positif qui a débouché sur une subvention de la Région et du mécénat.
A partir de là, j’ai décidé de me concentrer essentiellement sur la scénographie, les commissariats d’expositions et mes projets artistiques personnels.
Il y a eu une transformation dans ma recherche il y a 4 ans quand j’ai rejoint l’association marseillaise A.KEN, active dans la mise en place d’évènements artistiques et culturels favorisant l’accès aux univers de la création. Dans mon art, la collaboration et la rencontre sont des éléments primordiaux.
CM : Ton lien avec ta ville natale reste-t-il important pour toi ?
NG : Bien sûr ! J’ai posé ma candidature et ai obtenu une bourse et une résidence aux Abattoirs de Bomel. C’est quand même magnifique, c’est la rue où je suis née… J’y ai proposé une réflexion sur les territoires et la répétition. C’est là que j’ai créé une sculpture sonore « le cocon vibratoire » dont la membrane se composait de coquilles d’escargots namurois (Petits-gris) ainsi qu’un travail sur mes textes avec Marine Libert, qui m’a prêté sa voix pour l’occasion. J’ai pu exposer dans le projet Laboratoires quelques mois plus tard. Comme toujours, mon travail a été accueilli avec enthousiasme à Namur!
CM : Quelle est la part namuroise dans ton travail ici et là-bas?
NG : C’est mon enfance, c’est mon vécu. Namur, c’est une petite ville avec un potentiel énorme. Même si on ne se connaît pas, on se croise. Il y a un sentiment de proximité. Après des années passées en France, mon réseau et mes amis sont toujours présents. Je garde en moi la culture namuroise, ses traditions. C’est mon enfance qui est l’essence de ma démarche artistique. J’ai baigné dans l’autodérision et aujourd’hui je crois que tout est possible. Comme tout belge, j’ai une culture de l’intérieur et une ouverture vers l’être, le sens de la fête et l’entraide. Je reste belge dans mon cœur, quel que soit le pays où je vis.
Quand je parle de mes projets ici, il y a une effervescence. J’aime ma ville et son patrimoine! Elle est si belle ! Tout comme moi, elle s’adapte, se transforme et s’expose !
CM : C’est symbolique pour toi de revenir finaliser le Delta, j’imagine ?
NG : C’est très fort pour moi ! J’ai le sentiment que je viens déposer un grain de sable, aider une équipe qui a réalisé un superbe travail en amont. Je suis très heureuse d’ancrer ce grain de sable au confluent de la Sambre et de la Meuse, dans ce lieu de vie, de diffusion artistique, de citoyenneté et de débats. J’ai l’impression de revenir à la maison.
CM : Si tu devais te définir en 1 phrase ?
NG : Je sème des possibles, et vous ?
CM : Quel est ton super pouvoir ?
NG : La créativité.
CM : Et si tu pouvais faire un vœu ?
NG : Ouvrir les possibles et semer des réflexions pour que nous arrivions à poser des choix en accord avec nous, avec la planète.
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Du 11 au 27 octobre 2019
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