INTIME FESTIVAL - Chapitre 1

Chronique / Reportage / Interview : Adrienne Thiery et Photographe : MV Gillard

CHAPITRE 1

Bovarysme, burrito et Birkenstock

Vendredi soir, c’est flanquée d’une collègue en pré-burn out, de Birkenstock encore sablonneuses de
mes vacances à l’Ile de Ré et d’un demi burrito que je me rends à la grande lecture de Madame
Bovary. Pas vraiment le dress code requis pour ce genre d’événements, me direz-vous, mais je
n’avais pas prévu cette sortie culturelle. Il est vrai que dans mon imaginaire de profane, assister à ce
genre de rencontres littéraires ne peut se faire que perchée sur des escarpins ou, au minimum, vêtue
d’un tailleur seyant. Oui mais voilà, ici ce n’est pas Manhattan, ici ce n’est pas le XVIème
arrondissement de Paris. Ici, c’est Namur, et à Namur, on est cool. On n’imagine pas Poelvoorde en
organisateur d’un événement qui se la pète. L’objectif, c’est quand même de donner le goût à la
lecture au plus grand nombre. On verra plus tard qu’essayer de concilier intimité et popularité peut
d’ailleurs causer quelques couacs. Mais pour l’heure, c’est sans encombre que nous franchissons just
in time les portes du Théâtre de Namur.

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Photos MV Gillard


Raconte-nous une histoire !
C’est la Grande Salle qui servira d’écrin à la voix d’Emmanuelle Devos, notre lectrice du soir -
Emmanuelle Devos ? Mais si, vous la connaissez, c’est cette somptueuse actrice française qui a joué
dans « Sur mes lèvres » de Jacques Audiard. Doublement césarisée, sa filmo inspire le respect :
Desplechin, Klapisch, Sattouf, Garcia, Resnais. L’Intime Festival sait recevoir -. Alors, ok, c’est pas
l’Opéra Garnier, mais le Théâtre de Namur, ça en jette quand même toujours. Je me sens à chaque
occasion honorée de pouvoir poser mes fesses sur le velours rouge carmin des fauteuils.
Particulièrement confos, je crains de m’y endormir au son des aventures de Madame Bovary. Parce
que oui, qui a encore la chance, à l’âge adulte, de se faire conter des histoires ? N’est-ce pas un
privilège de la petite enfance ? Et dans une société de l’image, quelle place y a-t-il encore pour la
parole pure ? Certes, il y a les podcasts, la radio, les livres audio. On ne peut pas dire que le son soit
l’oublié des médias, il a même le vent en poupe. Mais il passe toujours par l’intermédiaire de la
technologie, d’un outil qui l’enregistre et le retransmet. Alors il y a les conférences, me direz-vous.
Gesticulées, Ted X, ou classiques ; on les écoute, la voix prédomine. Oui mais…..ce n’est pas de la
fiction. Ce que j’aime ici, c’est l’idée qu’on me raconte une histoire, qu’on me prenne par l’oreille
jusqu’à ce que les contours de la réalité disparaissent pour m’emporter dans la diégèse du roman. Et
le principe d’un narrateur ou d’un.e narratrice incarné.e. Exit la petite voix intérieure qui nous
accompagne – et peut nous ralentir – à la lecture d’un livre. Ici, tout nous est imposé : le timbre, le
rythme, les intonations. C’est un genre de pari, il ne faut pas faire d’erreur de casting. Mais de toute
manière, comme dirait l’autre, on ne peut plaire à tout le monde. Et je doute que l’interprétation
d’Emmanuelle Devos ne puisse convaincre. Mais je vais le savoir très vite, puisqu’elle arrive.


Morceaux choisis
Pas une salutation, pas un bonsoir, ou en tout cas, je ne m’en souviens plus. Sous les
applaudissements, Emmanuelle s’avance vers le pupitre et fait ce pour quoi on l’a embauchée : lire
une histoire. Sans perdre de temps, elle commence. « Une nuit, vers onze heures, ils furent réveillés
par le bruit d’un cheval qui s’arrêta jusqu’à la porte ». Pour tout vous avouer, je n’ai pas lu le
classique de Flaubert. Je l’ai acheté, et l’ai exposé dans ma bibliothèque, pour la frime. Mais je n’ai
jamais voulu le lire : trop peur que ça me file le bourdon. Alors me voilà à l’heure d’écrire ces lignes

en train de le consulter, pour essayer de retrouver le passage qui nous a été lu et en compter le
nombre de pages. Impossible. Est-ce parce que c’est la version intégrale que j’ai entre les mains ?
Est-ce parce que, à l’instar de ma voisine, je me serais assoupie par moments sans m’en rendre
compte ? Notre lectrice semblerait avoir opéré de nombreuses ellipses, en mode « avance rapide ».
Pourtant, cela semble fluide et cohérent. Seul son besoin de se rafraîchir le gosier vient interrompre
la narration. Un verre d’eau fait ici office de clochette, non pour tourner la page, mais pour laisser à
la lectrice et au récit le temps de respirer.


Son et lumières
A la fois visuel - avec ses nombreux passages descriptifs -, intérieur – le ressenti d’Emma Bovary -, et
même parfois assez drôle – on a ri ! - le roman de Flaubert se prête bien à une lecture intime. Enfin,
intime, entendons-nous. On est quand même dans une salle qui peut contenir 800 places, et elle est
full. L’aspect collectif ajoute d’ailleurs au côté inédit de l’expérience. En tout cas, une sonnerie de
téléphone passe beaucoup moins bien ici qu’à l’UGC De Brouckère. Il y a un côté humble et à la fois
très classieux à cette performance, on va quand même pas s’envoyer des pop corns. Il n’y a pas non
plus de fioriture visuelle. Less is more. La Grande Salle se suffit à elle-même, puis cela pourrait
parasiter l’expérience sonore. L’actrice – la lectrice ! – est simplement mise en valeur par un jeu de
lumière. Sobre. Chic. Elégant. Comme elle. Elle n’en fait pas des tonnes. Elle sert ce récit à la
troisième personne, en le lisant, simplement. Narratrice omnisciente mais modeste. Elle ne joue pas.
Ne se met pas en scène. Elle se lève et se rassied de temps en temps, oui, faudrait pas risquer
l’engourdissement. Mais elle s’efface pour laisser vivre le texte. Bref, je ne pariais pas sur une
adhésion complète de ma part, surtout un vendredi soir en afterwork. Mais j’ai été plutôt conquise
par cette lecture, à mille lieues de celle à laquelle j’ai assisté dimanche, que je vous relaterai dans le
deuxième chapitre.

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Photos MV Gillard

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