Interview : Quentin Spitaels
Interview: Anne Dethier / Photos : Sébastien Branle et Quentin Spitaels
Photo bannière : Quentin Spitaels
Cinqmille : Qui es-tu Quentin Spitaels ?
Quentin Spitaels : J’ai 37 ans et je vis à Flawinne. À la base, j’ai une formation d’éducateur spécialisé et c’est un métier que j’ai exercé pendant une quinzaine d’années. Maintenant que je ne travaille plus dans ce domaine, j’ai décidé de me consacrer à ma passion pour la photo. J’en fais beaucoup depuis 6 ans mais maintenant j’aimerais pouvoir en vivre. Malheureusement ce n’est pas simple de trouver des clients et des contrats fiables et lucratifs, pour le moment ça reste donc une passion.
CM : Comment cette passion est-elle arrivée ?
QS : J’ai toujours aimé le cinéma et tout ce qui était visuel. Je me suis acheté un appareil photo pour essayer et m’amuser. A partir de là, je ne l’ai plus lâché. Je n’ai aucune formation, je suis un autodidacte complet. Finalement c’est une passion qui est arrivée un peu par hasard.
CM : Comment définirais-tu ton style ?
QS : Je considère que j’ai deux styles très différents. Je prends plaisir à prendre des photos de paysages où je peux ajouter ma touche personnelle. J’aime la nature et le calme mais paradoxalement, j’aime aussi les scènes de rues car c’est un témoignage d’un moment et d’un lieu. C’est un challenge de réussir à capter une situation qui me parle et de montrer la société telle que je la vois à ce moment-là. Je travaille différemment autant dans le sujet que dans la manière de le traiter. Par exemple, pour les photos de rues, qui sont plus vivantes, j’utilise des couleurs assez pâles, un peu désaturées. Cela amène un côté paisible à l’effervescence que l’on retrouve en ville.
CM : Comment travailles-tu ? Es-tu plutôt argentique ou numérique ?
QS : Je ne travaille qu’en numérique pour le moment. J’ai un appareil pour l’argentique mais je n’ai pas le temps ni les moyens financiers pour me former en ce moment.
Pour la méthode, j’ai mon appareil avec moi 99% du temps mais je ne l’utilise pas constamment. J’ai mes moments où je me mets en mode photos. C’est un peu une contrainte que je m’impose mais ça me permet de faire la part des choses.
CM : Tes photos sont autant en couleurs qu’en noir et blanc. Tu te sens plutôt jour ou nuit ?
QS : Pour couper la poire en deux, je dirai que je suis plutôt soirée. Pour la photographie, elles offrent des couleurs intéressantes qui ne sont pas les couleurs vives de la journée mais ça correspond aussi à ma personnalité discrète. Mais attention, je parle des soirs d’été et pas des longues et tristes soirées d’hiver.
CM : Tu photographies des paysages mais aussi des portraits et des scènes de vie. Qu’est ce qui te rends vivant au quotidien ?
QS : Indépendamment de la photo, j’ai 4 enfants qui me rendent très vivant. J’aime vivre ma vie et voir ce qui m’entoure avec un œil de photographe car il faut être attentif à beaucoup de choses. J’ai tendance à être un peu dans ma bulle quand je me promène avec mon appareil.
CM : Comment considères-tu Namur du point de vue artistique ?
QS : Il y a de plus en plus de projets, qu’ils soient publics ou privés qui mettent en avant les créateurs. On se sent soutenus et c’est super important. Dans l’artistique et le créatif en général, les gens essayent souvent d’en avoir un maximum en payant le moins possible. Le fait d’avoir des collectifs derrière nous qui se battent pour nos droits est quelque chose de rassurant. On se rend compte qu’on est tous dans la même galère.
CM : Est-ce une ville inspirante ?
QS : En fait, Namur est visuelle mais pas très longtemps. Il y a vraiment moyen de s’amuser au niveau de la photographie, notamment avec la Citadelle, la Meuse, la Sambre et les vieux quartiers. Cela dit, au bout de quelques années, j’ai eu envie d’autre chose car mon œil s’est habitué au cadre. J’aime me lancer des défis en trouvant des lieux et des cadres originaux, différents de ce qui a déjà été fait.
CM : Y-a-t-il un artiste qui t’inspires ?
QS : Bien sûr il y a des gens comme Steve McCurry, qui sont des icônes de la photo mais personnellement je dirais Harry Gruyaert, qui est un photographe belge ! J’aime énormément son style épuré, aux couleurs assez douces. Il a un style de situation qui me parle. Certains peuvent le trouver triste ou sombre mais moi il m’inspire.
CM : Quels sont tes projets ?
QS : Je participe en ce moment à l’exposition Ma Sambre à toi. C’est une expo itinérante qui est à l’abbaye de Floreffe jusqu’au 20 juillet. Ensuite elle se déplace à Spy du 26 juillet au 4 août et à Sambreville du 9 au 18 août. En principe, elle doit terminer sa route au Delta mais les dates ne sont pas encore connues.
CM : Quel est ton rêve le plus fou ?
QS : Mes enfants ont entre 3 ans et 8 ans. Mon rêve, si on peut appeler ça comme ça, c’est de profiter de tout pleinement avec eux mais pas seulement. Je veux me sentir bien dans tous les domaines qui font ma vie.