Muriel D'Ailleurs "De la couleur plein les oreilles"
Interview par Alain Bombaert / Photos par Sébastien Roberty
CinqMille : Comment t’est venue la musique ?
Muriel D’ailleurs : C’est vraiment une histoire de famille. Ma mère était chanteuse et flutiste. J’ai toujours entendu, depuis que j’étais dans son ventre, les ornementations irlandaises, ces rythmes, ces sons. Mon père, d’origine hongroise, était fan de musique manouche, tzigane et klezmer. Depuis mon enfance, faire de la musique, c’était une évidence.
C.M : Quelle personnalité namuroise t’a influencée ?
MD : C’est la ville tout entière, où j’ai rencontré mes amis musiciens qui m’ont influencés et encouragés. Surtout Antoine Renard, il m’a fait découvrir le swing. Ce jazz ajoutait de la couleur, de la diversité et des rythmiques à mes influences familiales. Le swing reste une musique populaire appréciée dans le monde entier et même si on ne parle pas la même langue, je peux jouer tout de suite avec un musicien que je ne connais pas. Un jour on joue dans un petit café en acoustique, le lendemain sur une scène de festival ou dans un mariage. On s’adapte à tous les milieux.
CM : Et la chanson là-dedans ?
MD : Mes parents écoutaient aussi Fugain, Dutronc, Brassens, … Dans ce que je compose, il y a des petits morceaux de tout ça, des petits clins d’œil, d’un style à l’autre, tout ça se mélange. Mon prochain spectacle avec mes chansons s’appelle « La nouvelle aventure de Muriel d’Ailleurs », avec Antoine Lissoire au saxo, Christophe Collignon à la contrebasse et Léo Ulmann au violon.
CM : Du swing à la chanson, comment composes-tu ?
MD : Je compose toujours la nuit. Tous les deux ans, il y a plein de chansons qui arrivent d’un coup, par paquet, naturellement. Là, je prends ma guitare et j’essaie de faire toute la chanson d’un coup. J’écris les textes, la mélodie, les accords de guitare et les harmonies. Puis je viens aux répétitions, je propose et chacun apporte ses améliorations. Le travail des arrangements se fait ensemble.
CM : D’où te vient l’inspiration ?
MD : J’aime bien être plongée dans un projet à fond, puis je passe à autre chose. Je vis plein d’aventures, quand quelque chose m’inspire, je rebondis dessus. Il y a une petite phrase qui tourne en boucle dans ma tête. Il y a toute une ambiance qui embaume l’histoire, parfois des trucs très folk, très jazz, très rythmés ou très lents. Le but c’est justement de proposer un voyage pendant le concert. Entre toutes ces influences. Comme si je retraçais tout ce que j’ai entendu au long de ma vie.
CM : Quel est ton Superpouvoir ?
MD : C’est un pouvoir visuel. Hop. Regarde, je sais mettre mes doigts à l’envers !
CM : Comment s’est passé The Voice ?
MD : La production m’a appelée mais j’ai été catégorisée avec l’image de chanteuse à l’ancienne et ça s’est arrêté à ça. C’est un concours, ça doit aller très vite. On fait plus d’interviews que de musique. Ça m’a confirmé que je n’étais pas une interprète « à voix » mais une chanteuse avec mes compositions.
CM : Et si tu avais le pouvoir de changer quelque chose à Namur ?
MD : Namur est sur une chouette pente montante avec cette vie populaire où les gens peuvent aller d’un endroit à l’autre : le Théâtre Jardin Passion, l’Arsène, la Pharmacie, Chez Juliette, … Ce qu’il faudrait changer, c’est la mentalité par rapport à la créativité. C’est quelque chose qu’il faut entretenir, et on n’est pas du tout préparé à ça. On peut très vite recopier ce que les autres ont fait, être écrasé par la norme et ne pas oser se lancer. Il faut s’entraîner, sortir une quantité énorme de choses même si on en jette 80%.
CM : Les prochains concerts ?
MD : Mi-juillet, en solo au festival LaSemo. Le 3 août, au Gouvy jazz. En septembre, nous accueillerons un batteur. J’ai 23 ans et l’envie d’aller vers un public plus jeune. Dépasser l’étiquette swing.
CM : Quel est ton rêve ?
MD : Aller jouer sur la lune. - Rires - Voyager avec ma musique. Je joue déjà en France, en Allemagne, en Hollande, en Suisse. Je rêve de tourner avec un chapiteau et un spectacle qui mêlerait théâtre, musique et danse. Pour moi, il faut des costumes, un son, une ambiance, que les gens soient transportés. La preuve : on dit « je vais voir un concert », et pas « je vais écouter un concert ». J’y tiens énormément. Le but de la musique, c’est de rassembler les gens. Quand j’étais enfant et que mon père m’a offert une guitare, j’ai commencé tout de suite pour pouvoir jouer avec d’autres gens. Écouter, savoir se taire, se mélanger dans ce que l’autre fait, c’est comme ça qu’on peut construire quelque chose musicalement, créer des moments magiques, entre musiciens et avec le public qui y assiste. Le plus important, c’est l’intention plus que le style. Ce qu’on a dans le cœur et l’énergie avec laquelle on vient sur scène. Ce qu’on a envie de donner. … et de recevoir, avec le public. Je suis toujours dans une démarche chaleureuse et populaire, j’essaye de faire plaisir aux gens, de les rendre heureux.
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