“Fight sexism, destroy patriarchy” : une expo qui détruit les diktats de la société

Interview de Tiffany Vitali // Photos de Tiffany Vitali

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Tiffany Vitali

Organisée par l’ASBL AFICo, l’exposition « Fight sexism, destroy patriarchy » s’est déroulée du 2 au 19 mars au Delta. Des textes et des linogravures sur le féminisme et sur les droits des femmes étaient mis à l’honneur dans le cadre de ce projet.

Une vingtaine d’artistes, ayant participé aux ateliers Art en résistance, ont eu la chance d’avoir leurs œuvres exposées. La diversité était au rendez-vous : des illustrations représentant la femme, ses forces ainsi que des situations vécues par les participantes. Les textes, comme les linogravures, étaient porteurs de messages forts.

Après la visite de l’exposition, plusieurs personnes nous ont donné leurs impressions et un mot général est ressorti : touchant. Pour Evelyne, les illustrations mettent les textes en valeur, l’exposition est très variée et c’est une belle découverte. Karine admet que les textes et les images sont très parlants, très touchants. Elle juge les diverses réalisations à la fois impressionnantes et très justes. La femme ose dire ce qu’elle pense, exister, se battre pour ses droits et, surtout, montrer qu’elle n’est pas l’inférieure de l’autre mais son égale. Maria, elle, affirme qu’elle se retrouve dans beaucoup de textes.

Laurent Wilmet, travaillant à l’ASBL AFICo, nous a expliqué avec entrain ce projet. Il s’identifie comme animatrice et formatrice. En effet, comme l’équipe de l’ASBL est exclusivement féminine, il ne voit pas pourquoi il imposerait le masculin à un groupe féminin.

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Tiffany Vitali

Cinqmille : Vous travaillez pour l’ASBL AFICo, que fait cette ASBL ?

Laurent Wilmet : L’ASBL AFICo est une ASBL d’éducation populaire et permanente. « Populaire » est l’ancienne version, issue du mouvement ouvrier et nous employons « permanente » car c’est le nouveau terme repris dans les décrets. Nous conservons les 2 termes car l’AFICo est une ASBL créée à l’initiative de la FGTB Namur, donc on a un lien avec le mouvement ouvrier qui est assez évident.

Nos activités sont larges. Toutes les animatrices sont spécialisées dans certains domaines : certaines s’occupent des personnes sans emploi, d’autres du genre ou de la jeunesse. Personnellement, je suis animatrice grand public, essentiellement sur le monde du travail et les enjeux socio-économiques.

Cq : Comment et pourquoi cette exposition a-t-elle vu le jour ?

L’exposition a lieu grâce aux ateliers Art en résistance. Nous organisons une série d’ateliers où nous utilisons le medium artistique pour porter des idées. Pour le thème, nous demandons à un groupe récurrent qui participe à presque tous les ateliers sur quoi il veut travailler et sous quelle forme. Jusqu’ici, nous n’avons créé que des expositions mais, lors de l’évaluation, est ressortie l’envie de travailler les féminismes sous forme d’un livre – avec un côté punk ! Donc à l’atelier suivant, nous sommes partis là-dessus. Pour faire plus punk, le titre de l’exposition est en anglais. Cette anglicisation nous a permis de toucher une personne en Espagne qui est venue pour le premier atelier l’année passée. 

Malheureusement, à cause de la pandémie, beaucoup d’ateliers ont dû être annulés. L’idée était de faire un livre double : une édition sous forme de livre d’artiste et une édition normale. Nous devions contacter le musée de l’Imprimerie à Thuin pour imprimer à l’ancienne avec de vrais caractères en plomb et travailler en reliure japonaise. On comptait avoir terminé tout le processus du livre de bout en bout avec une deadline que le groupe a souhaité maintenir, autour d’une date clé : le 8 mars. Le livre n’étant pas terminé, nous avions envie de partager le travail réalisé et nous avons donc décidé d’organiser une exposition.

Cette exposition présente partiellement le contenu du livre. Il y a des linos qui n’ont pas encore été réimprimés, c’est un choix qui a été fait entre les participant·e·s. Nous avons imaginé l’expo en fonction de l’espace dont on disposait au Delta.

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Tiffany Vitali

Cq : Vous avez parlé du projet de livre. Quand pensez-vous qu’il sortira ?

Laurent Wilmet : Le livre est toujours en projet. D’ailleurs, je suis en train de travailler sur une nouvelle maquette. Il fera une centaine de pages. On espère que le livre sera terminé d’ici le 25 novembre, la journée contre les violences faites aux femmes.

Donc dans les 2 mois qui viennent, nous allons essayer de boucler le projet et, ensuite, nous le déposerons chez les éditeurs.

Cq : Qu’est-ce qui attend les visiteurs à l’exposition « Fight sexism, destroy patriarchy » ?

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Tiffany Vitali

Laurent Wilmet : D’après les retours que l’on a eus, les gens ont ressenti beaucoup d’émotions. Nous avons eu l’occasion de guider quelques groupes et on constate que l’expo fait écho aux situations vécues par le public féminin. Au départ quand nous avons lancé le premier atelier, nous n’avions pas d’idée très précise de la forme qu’allait prendre l’exposition. Je m’attendais à avoir des choses un peu théoriques, comme la définition du féminisme. Alors que pas du tout ! En tant qu’animatrice du groupe, je dois avouer que j’ai tout de suite ressenti de l’émotion. Rien qu’à la lecture du premier texte, j’ai failli pleurer. « Fight sexism, destroy patriarchy » ne représente pas une vision du féminisme, mais des points de vue variés. C’est une exposition qui a l’air petite, mais les gens prennent vraiment le temps de la lecture des écrits. 

Nous avons un autre projet parallèle. Nous aimerions mettre les textes en vidéo avec lecture. J’ai entendu les personnes réciter leurs textes et cette émotion-là est encore plus forte quand c’est la personne qui a écrit qui lit sa production. On entend la voix de la personne qui est émue, elle aussi.

Un autre aspect qui est ressorti lors d’une visite, c’est la dimension sensibilisation. C’est un bel outil pour porter une parole, notamment sur l’utilisation de l’art pour le faire.

On a aussi eu une interview de la RTBF et Christine Pinchart, la journaliste, disait qu’on voyait une différence entre le coté plus posé des linos - car la technique prend du temps - et la sensation d’ « urgence » qui se dégage des textes, écrits plus vite, plus spontanément. Il y a un équilibre entre les deux.

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Cq : Pourquoi avoir choisi des linogravures ?

Laurent Wilmet : La technique de la linogravure, c’est l’idée globale des ateliers Art en résistance. On utilise principalement 2 techniques : la linogravure et le collage. Comme on voulait faire un livre reproductible, le collage ne s’y prêtait pas car une fois qu’il est fait, il faut le scanner et le passer à la photocopieuse. On voulait vraiment de l’imprimerie à l’ancienne. 

La linogravure a beaucoup été utilisée dans les milieux militants et activistes de tous temps grâce à son coté bon marché. On essaie, dans cette logique d’éducation permanente, de garder un médium en lien avec les mouvements sociaux. Comme c’est un contraste d’une couleur sur du blanc, c’est percutant. Les messages sont immédiatement perceptibles grâce à cette technique.

Il y a aussi des personnes qui n’avaient jamais touché une gouge avant de participer à l’atelier et les résultats sont bluffants. On travaille avec du lino de sol et des matériaux de récupération parce que l’on a aussi une réflexion sur la préservation de la planète, même si ce n’est pas notre objectif premier.

De cette façon, nous montrons qu’il est possible d’avoir une pratique artistique sans être ruiné. La plupart des gens n’ont pas des vies faciles et certains m’ont dit que lorsqu’ils étaient stressés, ils se mettaient à graver. 

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Cq : Cette expo est-elle une sorte de sensibilisation aux comportements sexistes que les femmes subissent encore de nos jours ?

Laurent Wilmet : Parler des féminismes et des droits des femmes, c’est en grande partie le projet de départ. Néanmoins, le livre sera plus riche parce que l’on a commencé à traiter des questions de genre et d’identités de genre. Une partie des textes traitent des violences sexistes. Il y a notamment un témoignage dénonçant la tentative d’agression sexuelle sur la maman d’une personne ou le rapport au père qui est parfois dans une logique de violence patriarcale. Car le bon père de famille n’est pas toujours si bon. 

L’assignation des rôles genrés ressort aussi. Nous avons un témoignage d’une femme issue de l’immigration qui dénonce les violences sexistes dans son pays d’origine. Féministe et athée dans certains pays, c’est compliqué. Et même lorsque l’on parle d’égalité chez nous, on est assez loin du compte. 

Ce qui est chouette dans les textes, c’est que l’on ne s’apitoie pas juste sur son sort mais il y a une réelle volonté de résistance et de lutte. Des textes traitent aussi des questions d’éducation et de respect, d’autres sont plus poétiques et basées sur des situations personnelles. Un des textes a également évoqué la perception de la femme dans la publicité. On peut vendre une voiture sans mettre une femme en bikini sur le capot ! 

Nous avons pu échanger sur beaucoup de questions liées au féminisme parce que les ateliers, au début, étaient collectifs. Malheureusement, avec la pandémie, on a dû voir les participant·e·s individuellement. On s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup plus dans le collectif car cela permettait de partager les expériences et de s’inspirer les un·e·s des autres.

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Tiffany Vitali

Cq : J’ai vu que vous étiez aussi artiste graveur. Avez-vous réalisé des œuvres pour l’exposition ?

Laurent Wilmet : Une des linogravures exposée est de moi et, en ce moment, je travaille avec une personne qui a écrit des textes, sans réaliser d’illustration. Dans un des mini ateliers individuels, on a eu une discussion de plus de deux heures pour savoir comment illustrer cela. Elle n’est pas à l’aise avec l’image alors je m’en charge, c’est davantage mon domaine.

Cq : Les personnes qui ont exposé sont-elles toutes des artistes ?

Laurent Wilmet : Non, certain·e·s participant·e·s avaient déjà une pratique artistique ou faisaient partie de collectifs artistiques avant de rejoindre les ateliers et d’autres touchaient une gouge pour la première fois. Pour l’écriture, c’est le même constat. Certain·e·s ont déjà participé à beaucoup d’ateliers d’écriture, et d’autres ne sont pas habitué·e·s à rédiger sur une thématique. Et pourtant, ils ont fait de supers textes sur base des exercices donnés au départ et retravaillés à la maison. Les styles d’écritures sont multiples et à la base, tout·e·s les participant·e·s ont des niveaux différents et ne se revendiquent pas artistes. Notre domaine, c’est l’éducation permanente. On lance l’invitation et s’inscrit qui veut.

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Tiffany Vitali

Pour participer aux ateliers ou avoir plus d’informations sur AFICo, rendez-vous sur :

La page Facebook : AFICo

Le site Internet : https://www.afico.be/ 

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