La Révolte en noir et blanc
Interview de Alexandre Martorana
Du 4 au 31 mars, au PointCulture à Namur, se déroule l’expo "Révoltes !" de Loan Silvestre. De Paris à Hong Kong, l’exposition nous plonge entièrement dans un monde Black&White. De la révolte à l’espoir, le jeune photographe s’est livré pour Cinqmille.
Cinqmille: Quel est ton parcours ?
Loan Silvestre: Cela fait 4 ou 5 ans que je fais de la photographie. Mon père et mon ami le plus proche en faisaient déjà énormément et donc j’ai suivi. J’ai commencé la photographie par hasard, mais aussi par plaisir. Je suis également en dernière année à la haute Albert Jacquard en option image réelle. J’ai créé l’exposition dans le cadre de mon TFE. Je voulais étendre le projet en dehors des murs de l’école.
Cq: Quelles sont tes inspirations ?
LS: Je m’inspire d’énormément de choses, mais pour l’exposition, je me suis basé sur le travail de Sebastiano Salgado et James Nachtwey. Ce sont mes deux plus grosses inspirations. Ce sont eux qui m’ont motivé à faire du noir et blanc. Avant, mon approche de la photo était très en couleur. Avec ces deux photographes, j’ai compris l’importance de ce qu’un Monochrome pouvait apporter dans la profondeur d’une photo.
Cq: Le fait de voyager a apporté un regard différent à ton objectif ?
LS: J’ai connu la photo en voyageant énormément. C’est ce que je recherchais. En fonction du pays, j’ai une approche différente. Quand je vais à Hong Kong, je n’ai pas les mêmes attentes que quand je vais en Norvège par exemple. Hong Kong a été une grande surprise pour moi. C’est une ville où l'on retrouve énormément de nature. Elle est composée de plusieurs archipels et c’était une transition parfaite pour moi avec ce mélange ville et nature. Le confinement a un peu ruiné mes inspirations, si je peux dire. Maintenant, j’ai appris à faire avec ce que j’ai ; notamment Namur. J’y suis depuis bientôt 23 ans.
Cq: Pourquoi photographier des moments de révoltes ?
LS: De base, j’ai commencé avec les gilets jaunes à Paris. J’étais très intéressé par le sujet. Je fonctionne vraiment par pur instinct. Je m’intéresse à beaucoup de photographes qui travaillent dans les reportages, et je m’étais dit, pourquoi pas moi. Je n’avais aucune expérience là-dedans. C’était juste par hasard. C’est en fonction des images qui s’offrent à moi à ce moment-là. Après Paris, j’ai continué avec Hong Kong car je voulais me confronter avec ce que je n’avais pas l’habitude de voir ici en Belgique. On se rend compte que beaucoup de combats peuvent sembler loin de nous, mais en même temps, peuvent être très proche. Ce qui arrive là-bas peut nous arriver également. Je voulais constater quel genre de combat on pouvait retrouver de ce côté du monde. Quel était la réaction des gens et ce qu’ils ressentaient. C’était surtout par curiosité.
Cq: Quel message peux-tu véhiculer à travers ton projet ?
LS: À travers l’exposition « Révoltes », je ne tiens pas à véhiculer de messages politiques. Je centre énormément l’humain dans mes photos et c’est ça le plus important. J’avais besoin de ce côté humain chez les gens que l’on peut retrouver dans des moments de révoltes. On peut l'apercevoir à travers l’œil d’un pompier, d’une victime ou d’un petit gars avec son petit drapeau pour soutenir une cause.
Mon objectif est de créer pour m’exprimer librement
Loan Silvestre
Cq: Beaucoup de tes photos sont exposées en noir et blanc, y a-t-il une raison ou bien un désir d’être plus esthétique ?
LS: C’est un mélange des deux. De base, j’étais parti à Hong Kong et à Paris en sachant que j’allais faire du noir et blanc. Certaines photos que j’ai prises et qui ne sont pas dans l’expo sont en couleurs. Je ne les ai pas mises, car je voulais garder une certaine homogénéité. Les couleurs ont tendance à t’attirer vers certains endroits. Je voulais que la photo soit vue dans sa globalité. Je veux qu’il y ait une analyse de la part du spectateur, mais pas dans la couleur. Je pense qu’on se serait perdu dans l’envie que j’avais de véhiculer des émotions.
Cq: C’est important pour toi de pouvoir manifester, créer, s’exprimer librement ?
LS: Manifester, en tant que telle, ce n’est pas mon but. Mon objectif est de créer pour m’exprimer librement.
Cq: Il est essentiel pour toi de figer les moments que nous vivons ?
LS: Pour moi, la photo et la musique sont deux langages qui n’ont pas besoin de traduction. Peu importe la personne qui regarde une photo ou écoute une musique, elle ressentira des émotions. L’avantage de la photo c'est que même si tu viens de l’Ouganda et que tu regardes une photo au Japon, tu vas comprendre le message du photographe. C’est cela que j’aime dans la photo. On n’a pas besoin de mots. Tu prends ton appareil et fais passer des messages très forts.
Cq: Première exposition, qu’est-ce que tu ressens?
LS: Ça fait 6 mois que je sais que l’exposition va se dérouler. J’ai eu le temps de digérer et de penser à autre chose. Je suis très reconnaissant de ce qu’il m’arrive. En plus, elle se déroule à Namur. C’est quelque chose en plus pour moi. Là, je suis déjà autre part, je réfléchis déjà à ce qui peut arriver dans le futur. J’ai comme projet de partir l’année prochaine et de réaliser un livre photo.
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