Esperanzah ! Une ode à la vie dans tous les sens
Chronique : Samantha Louppe
Photos : Skit / Christophe Dehousse / Samantha Louppe
Me voilà repartie pour un pèlerinage de trois jours au sein de la belle abbaye de Floreffe. N’ayant pu profiter de toute la durée du festival lors des deux dernières éditions, autant vous dire que j’ai hâte ! Je trépigne d’impatience, un peu comme un retour à la maison après de longs mois d’absence. Cette année, j’ai rangé mes pinceaux de grimage avec lesquels j’ai dessiné un bon nombre de papillons, de princesses des châteaux ou des îles, de jeunes lionceaux ou de super-héros sur le visage de bouts de choux (ou de grands enfants) ravis (ou pas) du résultat, dans un village des enfants toujours plus féérique d’années en années. Cette fois-ci, je suis bien décidée à profiter de la programmation incroyable annoncée. Allez hop, c’est les vacances !
Bon j’ai raté Danakil, c’est la faute de l’apéro/mojito mais qu’à cela ne tienne, une multitude de choix de concerts s’offre encore à moi. La météo un peu grincheuse m’inquiète un peu mais voilà qu’à peine rentrée sur le site, des dizaines de parapluies multicolores suspendus, m’accueillent comme pour me dire qu’ici, je ne risque plus rien. C’est certain, le soleil qui se cache parfois où on ne l’attend pas, rayonnera tout le week-end pour les festivaliers d’Esperanzah !
On commence par un petit tour du site, quelques changements étaient annoncés. L’objectif principal : trouver du maitrank (mais où es-tu passé Jean-Luc ?!) et de la nourriture, bref, de quoi survivre pendant trois jours. Petit bilan après analyse de la nouvelle implantation : on ne se sent pas trop déboussolés si ce n’est que l’espace pour manger semble assez étroit à l’endroit où l’on trouvait, avant, une belle et grande pelouse pour se poser. On fait rapidement un tour sur le Baz’art, le nombre des artisans semble avoir vraiment diminué mais la qualité est là, on trouve un peu de tout et surtout, de très très jolies choses (je demande déjà pardon à mon compte en banque)...
Ce qui m’impressionne surtout, c’est la déco et surtout toutes ces cabanes perchées à plusieurs mètres au-dessus du sol. Quand on pointe le nez vers le Village des Possibles, le charme opère, ça donne vraiment la sensation de rentrer dans un univers entre magie et cinématographie.
Bon après un « rapide » tour chez Magda dont nous reparlerons plus tard, il est grand temps d’aller voir Glauque, bah oui, après les avoir interviewés, je ne pouvais pas rater ça ! Trêve de bavardages, autant vous dire tout de suite que j’ai été aussi conquise par leur prestation que je l’avais été par leur rencontre. Avec des textes, des sons aussi puissants et surtout un partage d’énergies comme celui que nous propose le groupe, disons le carrément, on en prend plein la gueule ! Les émotions grondent et grandissent à l’intérieur à mesure que la voix de Louis s’intensifie … et on en sort tout retourné.
La suite, c’est avec mon Australien préféré que ça se passe. Sans déconner, je suis complètement amoureuse, mesdames et messieurs, l’incroyable, l’extraordinaire, le merveilleux : Dub Fx. C’est le genre d’artiste que je qualifie d’ovni quand, tranquille, il te sort toute une chanson rien qu’avec sa voix. Malgré une pédale qui semble capricieuse, l’artiste mène son show de main de maître. C’était pas la première fois mais je suis toujours aussi bluffée. En plus pour le coup, on a même la chance d’avoir les terribles sons de saxo de Mr. Woodnote, invité pour l’occasion. Les mélodies sont magnifiques, sa voix et son flow sont dingues et en plus, il est carrément sexy, bref... voilà quoi ! La qualité du son rendant le concert encore plus cool, c’est une énergie de folie qui se dégage de la scène Futuro. J’en profite pour envoyer quelques pensées à un ami bûcheron qui j’espère aura pu en profiter de là où il est, il aurait vraiment adoré ça !
On termine la soirée avec les douces voix d’Ibeyi dont la scénographie est complètement hallucinante et puis avec Thylacine qui l’air de rien, arrive à mettre de la poésie dans la musique électronique et nous emmène dans un voyage qui ira bien au-delà du temps d’un concert.
Je démarre la journée du samedi avec le concert des Ogres de Barback, côté jardin. Même si leurs chansons sont toujours aussi jolies, j’avoue être un peu déçue … et je trouve que ça manque un peu de de dynamisme et d’ardeur. On les a connu plus en forme mais bon allez... ça arrive, même aux meilleurs !
C’est l’heure de retourner écouter de la musique et se retrouver en bande devant le concert de Georgio. Je ne connais pas mais on m’assure que c’est super. Verdict : de bons sons, un bon flow mais des textes qui ne me parlent pas forcément. Par contre, le band met vraiment une ambiance de dingue et c’est la grosse fête sur la cour ! Après tout, c’est aussi ça un festival.
Il est l’heure de se balader un peu et aussi de découvrir les bonnes choses qui se cachent dans le comptoir des saveurs. Après avoir mangé indien hier (sans conteste la valeur gustative la plus sûre du festival depuis de nombreuses années), je goûte cette fois aux croquettes brésiliennes fourrées de Delissa et c’est un vrai délice donc. C’est là que s’installe à ma table une bande d’individus tout droit sortis d’un autre monde, je viens de faire la connaissance de l’équipe de Tatoumages et ils sont vraiment adorables (en plus d’avoir l’air un peu fous).
J’entends dire que L.E.J. met le feu tout la haut mais je n’ai plus le courage de gravir les chemins pentus de l’abbaye. Alors j’attends patiemment et l’amoureux me fait faire un peu d’escalade (chut, faut pas le dire) pour m’offrir un point de vue sensationnel sur le concert de Fakear. Celui-là, celui qu’on attendait depuis des semaines. Je ferme les yeux quand il démarre le morceau Chakra, il nous fait voler très très haut, la vie est belle.
La journée du dimanche se passe en douceur (je suis quand même un peu fatiguée). Enfin quand je dis en douceur, c’est sans compter sur la force un peu tribale d’Hilight Tribe qui met littéralement tout le public en transe, tant on ne peut s’empêcher de danser et sauter. C’est sans compter aussi sur Radio Bistro qui, quand tu passes par-là, te balance tranquillou un petit Rage Against the Machine et qu’est-ce que c’est bon (mother fucker).
Reste à vous parler encore de la voix suave de Feu! Chatterton et d’une fin de festival en compagnie des exceptionnels musiciens de Caravan Palace. Ils démarrent et - hop ! - tu sais tout de suite que tu es un dimanche soir à Esperanzah, côté jardin. On est tous crevés - mais heureux ! - et la chaleur humaine qui se dégage est incroyable. Un dernier voyage sur toutes les plages du monde avec Polo & Pan qui envoient encore plus qu’ils en ont l’air et au lit ! Même si j’entends résonner encore au loin « Freed from desire » dans les enceintes de Radio Bistro...
Petit zoom sur la campagne de cette année qui nous amène à remettre sérieusement en perspective notre condition, les privilèges dont nous jouissons et la façon dont on peut agir, tous à notre niveau parce que bon, les gars, il est vraiment temps de se bouger le c***.
Esperanzah! a, comme tout festival, ses qualités et ses défauts. Le gros point négatif pour moi cette année, c’est qu’il y avait énormément de monde et surtout du son partout partout partout, difficile de trouver un coin plus calme et où respirer un peu. On ne sait de quoi l’avenir sera fait, si un déménagement sera nécessaire ou non (même si on l’aime cette abbaye) mais à mon sens, il est temps d’envisager soit un espace plus grand si le souhait est d’accroître la capacité d’accueil, soit de faire attention à conserver un espace confortable pour chaque festivalier.
Esperanzah! ça reste surtout une grosse explosion d’amour, des gens qui dansent tous les trois mètres et qui sont tellement beaux à voir … Un festival où chacun a sa place, et peut trouver un instant de répit dans le quotidien et beaucoup d’instants de bonheur. Les équipes formidables qui y travaillent, donnent du sens à l’art comme vecteur de rassemblement, de partage et surtout de changement pour un monde meilleur.
Les coups de <3 de l’équipe Cinqmille :
Gaëlle et Anne-So : Feu! Chatterton
Gabriel : Manu Chao, même si c’est toujours la même chose
Justine : L’entourloop qui a mis le feu dans sa... vie ( et dans celle de Skit aussi)
Et enfin, la grosse Love Story de l’été pour tout le monde : Magda, ses pauses syndicales, ses shooters VS une blague, son équipe de fou et ses cocktails à tomber par terre. Parce que « Le rhum piment, c’est pas pour les enfants » !