CondorE, une histoire de plumes
Chronique de Marie-Astrid Lissoir // Photos de Sébastien Roberty
Ce vendredi 22 novembre, l’organisatrice d'évènements "Chez Lisa" nous invitait pour écouter CondorE. Mais qui est cet oiseau venu de nulle part ?
Dans sa petite robe noire rehaussée de plumes, Leticia, un rien timide, nous accueille dans le mobilier éthique et slow design de la boutique Sapristi. C’est dans ce cadre cosy et rêveur, que la chanteuse nous plonge toute en délicatesse dans les méandres de ses pensées. Confortablement installée dans une ambiance pastel, je me laisse embarquer dans son univers piano-voix.
CondorE c’est le projet de Leticia Collet, d’origine chilienne, le charme discret, plus connue comme claviériste du groupe liégeois Dan San. Depuis 1 an, elle a pris son envol et s’affiche en solo. Condor « avec un E » souligne-t-elle, est un clin d’œil à ses origines et à la sous-représentation des femmes dans le métier.
Auteure, compositrice, interprète, sa voix suave m’enchante. Ses paroles empreintes d’émotions me transportent au gré des variations d'intensité. Elle chante avec beaucoup de sincérité et c’est communicatif. Le Love lancé à ses parents présents dans la salle est, lui aussi, touchant.
Authentique et encore mal assurée, Leticia s’excuse de sa maladresse avant de nous dévoiler des pages de son journal intime néo-folk : son Lootus … Des compositions personnelles - certaines encore expérimentales - en alternance avec quelques reprises, comme Between The Bars d’Elliott Smith ou un morceau de Billie Eilish. L’artiste se raconte entre chaque morceau et s’accroche à sa cuillère en bois pour lancer le tempo !
La mise en scène est minimaliste et l’artiste joue seule ce soir, à quelques pas de nous. Pas étonnant si elle se sent parfois mise à nu : « Je sens tous vos regards rivés sur moi…Ne me regardez pas tous comme ça ! » Alors, sans doute pour adoucir les angles et se vouer aux anges, la chanteuse a habillé son piano de plumes… qu’elle porte aussi sur le bras.
Dans ses vibes aériennes, on retrouve les influences de Patrick Watson, Björk, Agnes Obel, Charlotte Gainsbourg, peut-être même aussi Slowdive. Sa voix suave ponctue de jolies mélodies éthérées, nous ouvrant son intimité dans la langue de Shakespeare. Je suis en apesanteur…
Dans ce halo de douceur, frêle et décidée, cette trentenaire, semble se laisser guider par ses intuitions. Ses mélodies sont légères, épurées, parfois énigmatiques ; ça se déguste sans fin.
Leticia me partagera plus tard qu’elle écoute autant du classique que du métal et que le solfège de sa prime enfance l’a réellement gavée. Me souffle qu’elle s’inspire aussi de Danny Elfman et qu’elle attache plus d’importance à la mélodie qu’aux paroles, mais aussi qu’elle dessine plus qu’elle n’écrit dans ses innombrables carnets qu’elle a pris avec elle.Dernière chanson, il me faut atterrir. Et Leticia, au cœur des attentions, de nous confier que ses jambes se dérobent …
Ravie d’avoir fait partie des 30 chanceu·ses·x de la soirée, je prolongerai avec plaisir cet instant magique avec la sortie de l’album prévu en 2020.
CondorE, une pépite incontestable, entre fragilité et originalité. Leticia fait partie de ces belles révélations qui n’ont pas encore déployé (toutes) leurs ailes, à qui je souhaite un long vol !
CondorE : https://www.facebook.com/CondoreMusic/
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