L'amour a inondé
La Carrière
Chronique : Justine Cb & Gaëlle Defeyt
Photos : Thierry Dupiereux & Elodie Grégoire
Pas facile de déplacer / séduire et - surtout - garder en haleine un public de festival par une journée de drache nationale… Alors ok, on n’est peut-être pas super objectives (car la Houppe nous a bien fait tourner la tête), mais il faut rendre à César (Laloux) et ses comparses ce qui leur appartient : la Carrière et sa programmation sans aucune fausse note a réussi là où beaucoup d’autres auraient échoué...
La lumière absente du ciel belge s’est retrouvée ce samedi dans les lights sur les scènes, le long des guirlandes guinguettes accrochées le long des champs et dans les pas de danse des festivaliers en K-Way.
On pose le cadre, clairement idyllique : après s’être perdus pendant 10 min sur une petite route au milieu des bois, on débarque dans ce domaine qui se dévoile assez vite comme un beau mix match entre une architecture léchée et une nature qu’on a laissée bien tranquille, en friche, la mousse recouvrant les rochers.
Adossée à un gîte de charme, on découvre une belle et grande plaine entourée de bouleaux et de vieux chênes qui accueillera plus tard Tonsils, Judith Kiddo, Sea Moya ou encore Milk TV. On remonte en suivant des petits chemins caillouteux, vers une carrière détonante de beauté. Mais assez parlé du décor ... Car ce qui a attiré les quelques 350 festivaliers, c’est sans aucun doute une programmation alléchante orchestrée avec brio par une superbe organisation. Une programmation authentique pour les amateurs de vrais talents et de belles prestations scéniques.
A notre âge avancé, on vous avoue l’allergie grandissante qu’on ressent par rapport au concept de certains festivals : des prix d’entrée de plus en plus élevés – un festival équivaut à une semaine de vacances dans les Canaries - un service bouffe généralement très bif-bof, beaucoup trop de monde dans des espaces aseptisés, des sponsors pourris, et des programmateurs qui cherchent à attirer les foules avec des grands noms au détriment des petites perles…
Pour nous, la Carrière remporte haut la main le premier prix du festival idéal : une claque dans les oreilles et du love dans le cœur à chaque concert, des partenaires locaux pour nous ravir les papilles, un site à taille humaine qui permet un super échange entre public et artistes.
Il faut dire qu’entre Roos Denayer, Tonsils, Bimbo Délice et Judith Kiddo, la barre a été placée très vite / très haut. Petit coup de cœur pour mademoiselle Kiddo, sa belle énergie qui envoie une pop dynamique, dans une ambiance très décontract’. Et surtout UNE voix, qui te donne la chair de poule.
S’en est suivi un enchainement juste parfait avec le décalé Ricky Hollywood, qui a presque instantanément déclenché un espèce d’hilarité générale dans le public, à coup de paroles ironiques… On se souviendra d’ailleurs de ce refrain …
« Si tu fais l'amour ce soir, rappelle-toi ce refrain , Allez, vas-y fais le bien, bien, bien, bien, Penses à ton père, penses à ta mère, Qui se sont donnés du mal pour toi… »
Du charme à revendre et cette présence scénique, des plus personnelles. A coup de déhanché qui se veut un brin timide et d’un retour bien orchestré et assumé à la disco-pop des années 80.. Oh oui, on aime !
On arrête à peine de rigoler avec Ricky Hollywood que Milk TV, sous une pluie battante nous convainc dès le premier titre. Le public, tout sourire, n’a reculé devant rien pour danser sous la pluie, les pieds dans la boue sur un rock hyper énergique.
Juan Wauters aura sans doute mis tout le monde d’accord dès la tombée de la nuit. Au milieu de cette scène adossée à la Carrière, c’est tout le public qui en redemandait. Il faut dire qu’à lui tout seul, il déploie une telle énergie qu’elle ne peut, à un moment, que lui être rendue !
Petite pause – bien méritée et presque obligée - auprès de la team super lookée en marinière d’Ursule et Pétula. Et le festival grimpe encore en qualité avec des grands plats mis dans les petits ; enfin des petits plats de chez nous, concoctés avec amour, qui se dégustent avec les yeux ; ces yeux qui ne savent plus entre l’assiette et la nature environnante où se poser.
En phase post-digestion, c’est le Gros coup de cœur pour Sea Moya qui délivre un live ambitieux et très généreux. Ça nous a permis de reluquer une foule en délire qui danse sans se poser des questions, alors qu’environ un demi litre d’eau s’est logé dans les poches de nos cirés.
Rouge Gorge nous a fait bouger sous la pluie (et dans l'herbe mouillée) avant de voir arriver LE karaoké auquel on voudrait tous un jour participer, le répertoire parfaitement maitrisé des KaraOkay Live, aux côtés de Stéphane (Ricky Hollywood, apparemment fan de Laurent Voulzy) ; Judith Kiddo - accompagnée d'une dizaine de gonzesses pour reprendre Cindy Lauper - ou encore le pote d’Arnaud et son cousin Boris. On aurait aimé que ça dure toute la nuit !
Et après avoir bien dansé, bu des Houppe, des High Hop, chanté, mangé et redansé... On en profite pour se poser au coin d’un canapé, à l’abri de la pluie pour se finir (définitivement) avec une raclette fumante et délicieuse concoctée par Saint-Octave.
Une fois la nuit passée, on était plus d’un à se réveiller complètement charmés par une soirée bien réussie. Et on sentait déjà qu’on était loin d’en avoir fini avec les belles surprises... Et on arrive face à un brunch digne des meilleures enseignes, sous le regard charmeur de John Moods qui nous aura réveillé tout en douceur avec une bienveillance partagée.
On a senti le véritable plaisir d’organiser cet événement de la part de la team, un enthousiasme communicatif qui leur a permis de rassembler autour d’eux une super crew de bénévoles, de techniciens et de musiciens. Tout ce monde a œuvré à créer une ambiance chill. Et le public y a mis du sien malgré la bruine, la re-bruine, puis la méga drache en fin de soirée.
Bref, un sans-faute musical, rempli d’amour & de pieds mouillés
En savoir plus : Vers le site de La Carrière Fest.