Amour à trois
Interview : Jérémy Arnould / Photos : Sébastien Branle
Jezu à la basse, Sam à la gratte et Denis à la batterie. Les trois membres du groupe namurois Amour se sont réunis autour d’une bière pour répondre à nos questions. Et vu le nom du band, on n’a pas pu résister à une interview “Elle Belgique” pour ces trois rockeurs au grand cœur !
Cinqmille : C’est quoi Amour ?
Sam, Jezu, Denis (en chœur) : Un boys-band ! (rires)
Un boys-band de rock progressif instrumental.
C.M. : Pouvez-vous nous raconter votre première rencontre ?
Sam : Jezu et moi, on se connait depuis presque quinze ans… On a toujours fait de la musique. On ne trouvait pas de batteur et puis un jour, on a trouvé Denis par un concours de circonstances.
Denis : À la base, je devais faire de l’électro avec Jezu… On s’était mal compris ! Finalement, je me suis retrouvé en répète avec eux deux… Je n’avais aucune idée de ce qu’on allait jouer...
Jezu : On avait cru comprendre qu’il était batteur au conservatoire de Liège, et en fait, non. Il arrive et il nous dit : “Ah non, moi j’étudie le piano et la composition, mais j’ai joué de la batterie pour un groupe de ska-punk”! On se demandait ce que ça allait donner… Et finalement ça va, c’est un génie.
Denis : On a commencé par jouer une reprise de “Power Rangers” et ça nous a bien connectés, je crois ! (rires)
C.M. : Quand l’avez-vous annoncé à vos parents ?
Sam : Moi, j’ai attendu un petit peu pour voir si c’était sérieux parce que Jezu n’est pas le type le plus fiable que je connaisse, même si je l’aime beaucoup… (rires) Et puis Denis, c’était juste un parfait inconnu avec qui on partageait un vague intérêt pour les Power Rangers !
C.M. : Ce n’était donc pas votre toute toute première fois en groupe ?
Jezu : Sam et moi, on avait eu un groupe de Stoner, un autre de Punk-Hardcore.
Sam : J’ai aussi fait de la Folk, du Dark Ambient.
Denis : Moi aussi, j’ai eu pas mal de projets. J’ai notamment fait des reprises à la rien à voir : de 23h à 3h du matin tous les soirs aux Francofolies de Spa, j’ai été le claviériste de Jean-Lou Hallyday (cover band de Johnny Hallyday N.D.L.R.). C’était vraiment chouette !
C.M. : Comment gérer les tensions quand on est un trio ?
Denis : On n’est pas hyper organisés, donc c’est pas toujours facile. Mais une fois qu’on se retrouve à faire de la musique, tout est réglé.
Jezu : Une fois qu’on a nos instruments en mains, il y a plus de conflit !
Sam : Un peu de musique, une petite bière, réconciliation sur l’oreiller, quoi ! (rires)
C.M. : Qu’est-ce qui vous épanouit dans cette relation musicale ?
Jezu : Ce groupe me fait un bien fou. J’en ai besoin! ! C’est un défouloir, une passion. Partager ça avec eux, c’est super.
Denis : La liberté artistique, je crois… Il n’y a pas de barrière. On est à l’écoute les uns des autres.
Sam : Le fait de savoir que je suis face à deux oreilles attentives et à des esprits ouverts à chaque fois que quelqu’un amène une idée… Il n’y a pas de jugements, pas de contraintes créatives. Et quand on est à ce niveau-là de compréhension musicale, c’est génial car on peut laisser beaucoup de place à l’improvisation… et avoir des bières gratos aux concerts ! (rires)
C.M. : Parlons sexe. Comment décririez-vous l’orgasme musical ?
Denis : Il arrive quand on s’y attend pas. Y a des jours avec, et y a des jours sans.
Sam : Des fois, on l’attend, il vient pas. Des fois, on l’attend pas et il nous tombe dessus ! C’est vraiment comme un orgasme sexuel : ce sentiment d’abandon… Tu t’oublies dans la musique.
Denis : Tu réfléchis plus à rien. Tout coule…
Jezu : Moi, quand j’ai réécouté l’EP dernièrement, j’ai eu des frissons en entendant le jeu de Denis et de Sam.
C.M. : Visiblement, vous ne vous êtes pas assez protégés, car il y a deux mois, votre premier bébé, The Virtues of Patience est sorti... Félicitations ! Alors, comment va-t-il ?
Sam : On peut dire qu’il va bien ! Les exemplaires sortis sont déjà tous partis !
Denis : Heureusement, on le retrouve en ligne. Donc il vit aussi sa vie sur internet !
C.M. : Depuis quand était-il en gestation ? L’accouchement s’est-il fait dans la douleur ?
Sam : Et bien, on peut dire qu’il porte bien son nom… Ça a mis un paquet de temps !
Jezu : Les morceaux étaient enregistrés en juin 2018 et il n’est sorti que le 30 mars de cette année…
Sam : J’étais au Canada pendant plusieurs mois, le mixage a pris du temps, la réalisation de la pochette aussi. On a eu plusieurs fausses pistes avec le graphisme, c’est aussi de là que vient le nom de l’EP.
C.M. : À qui ressemble-t-il le plus ?
Denis : C’est une question intéressante, mais c’est un peu difficile d’y répondre.
Sam : Il y a un peu de nous trois, évidemment…
Jezu : Sam a mis beaucoup d’idées dans les morceaux. Et après nous, on improvise et on apporte notre patte.
Denis : Moi, j’amène plutôt le côté structurel et rythmique.
Sam : Ca dépend aussi des morceaux, on pourrait vous faire un minutage si vous voulez, mais… (rires)
Jezu : En tout cas, j’ai jamais vécu ça dans aucun groupe.
Denis : Ouais pareil… Y a pas de hiérarchie.
Jezu : On est vraiment un trio : les trois personnalités ressortent !
Lourde et mélodieuse, puissante et complexe : la musique d’Amour ressemble à ceux qui la composent… Un rock libre, sans prétention et surtout loin des clichés entourant le genre. Une très belle découverte à faire si vous êtes curieux et à suivre sur :
Prochain EP : automne 2019