L'amour c'est pour du beurre
Tout le monde a mal quelque part : au corps, à la tête ou au coeur. Six personnes (seule Nadine n’est pas venue) viennent se soigner au sein d’un groupe, réunies par une animatrice, doux mélange entre une artiste et une assistante sociale.
Elles viennent faire du théâtre pour « aller mieux » et tout le monde est de bonne volonté pour essayer de monter La nuit des rois de William Shakespeare dans une salle de gym. Elles font du théâtre, assises sur un plinth ou dans les espaliers. Le groupe est joué par des actrices et acteurs masqués, couche supplémentaire pour sonder l’âme humaine et évoluer de quiproquo en quiproquo. Comme dans La nuit des rois on se travestit, au contraire de La nuit des rois, on n’arrive pas à s’aimer si facilement.
À travers des mots empruntés ou des silences gênés, leur humanité apparaît et se confronte à la solitude de ce monde, où prendre soin est parfois mis de côté.
L’amour c’est pour du beurre est une ode au théâtre et aux êtres humains, à la complexité des émotions. Avec finesse et intelligence, Éline Schumacher met en lumière la pulsion du jeu à l’œuvre dans La nuit des rois et en met joyeusement à nu toute la mécanique virtuose. Après son interprétation jouissive de La bombe humaine la saison dernière, c’est ici au service de la mise en scène qu’elle offre son talent, sa générosité et sa drôlerie.